À Djibouti, l’Algérie plaide pour une souveraineté pharmaceutique africaine

À Djibouti, où se tient le forum continental FARCAPS 2025 consacré aux chaînes d’approvisionnement en produits de santé, l’Algérie a choisi de livrer un message clair : l’Afrique ne pourra assurer sa souveraineté sanitaire tant qu’elle dépendra des importations pour ses médicaments essentiels. Le ministre algérien de l’Industrie pharmaceutique, Ouacim Kouidri, a porté ce plaidoyer avec l’idée d’une urgence partagée face aux fragilités révélées par les crises sanitaires récentes.

Dans un contexte où la sécurité d’approvisionnement est devenue une préoccupation géopolitique majeure, le ministre a insisté sur la nécessité pour les pays africains de bâtir des industries capables de répondre à leurs propres besoins. Il a rappelé que le thème du forum — axé sur l’autonomie continentale, la réforme des centrales d’achat et la restructuration des chaînes logistiques — traduit une inquiétude largement répandue : celle d’un continent encore trop tributaire des marchés extérieurs pour assurer la disponibilité de ses médicaments.

Pour appuyer son propos, Ouacim Kouidri a mis en avant l’expérience algérienne, marquée ces dernières années par une transformation rapide du secteur pharmaceutique. L’Algérie, a-t-il expliqué, produit désormais des centaines de spécialités couvrant une grande partie de la demande nationale, tout en commençant à exporter vers des marchés africains, arabes et même européens. Cette progression, selon lui, résulte d’une stratégie d’investissement soutenue, fondée sur la montée en complexité technologique : anticancéreux, biosimilaires, injectables stériles et autres produits à haute valeur ajoutée ne sont plus hors de portée des laboratoires algériens.

Mais le ministre a surtout voulu montrer que l’industrie ne peut suffire sans une refonte profonde des modèles d’achat et de distribution. Il a appelé les pays africains à renforcer leurs capacités locales, à harmoniser leurs normes et à mutualiser certains mécanismes pour garantir une disponibilité continue des médicaments, y compris en période de tension ou de crise mondiale. L’enjeu, selon lui, dépasse la technique : il s’agit d’un choix politique, celui d’une Afrique capable de sécuriser ses besoins vitaux.

Le discours algérien à Djibouti s’inscrit ainsi dans une ambition plus large : faire de la santé un pilier de l’intégration africaine. À travers l’intervention de Kouidri, Alger veut se positionner comme un partenaire moteur, disposé à partager son expérience et à contribuer à la construction de chaînes d’approvisionnement plus résilientes. Une manière de défendre l’idée que le continent ne manque ni de savoir-faire ni de ressources, mais d’une volonté collective pour transformer ces atouts en véritable souveraineté pharmaceutique.

Tinhinane B

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