À Touggourt, le ministère teste sa nouvelle stratégie : remettre les hôpitaux au centre du service public

La visite du ministre de la Santé, Mohamed Seddik Aït Messaoudene, jeudi à Touggourt, n’avait rien d’une tournée protocolaire. Dans une wilaya où les distances, la pénurie de spécialistes et la pression démographique mettent le système sanitaire à l’épreuve, le déplacement du ministre a servi de terrain d’expérimentation à une idée directrice : ramener l’hôpital à sa vocation première, celle d’un service public proche, équipé et capable d’assurer une prise en charge continue.

Dès son arrivée, Aït Messaoudene a clairement affiché cette orientation. L’inauguration de l’hôpital de Témassine, baptisé au nom du moudjahid Tijani El-Bachir, a été présentée comme un rééquilibrage territorial : donner aux habitants le droit d’accéder à une prise en charge complète sans parcourir des dizaines de kilomètres. Avec ses 60 lits et son éventail de spécialités – de la chirurgie العامة إلى طب الأطفال وأمراض النساء والتوليد، مروراً بالإستعجالات والأشعة وغسيل الكلى – l’établissement incarne cette volonté de « reconquête de la proximité ».

La même logique s’est imposée au niveau du chantier du futur hôpital de Mekraïne. Sur place, le ministre a constaté un retard manifeste et a écouté les explications techniques et administratives avancées par les responsables. Les instructions ont été sans ambiguïté : reprise immédiate des travaux, suivi rigoureux de l’avancement et mobilisation de toutes les ressources pour rattraper les retards. Car, pour le ministre, un projet hospitalier n’est pas un chantier comme les autres : c’est un besoin vital dont la population ne peut supporter le report.

Aït Messaoudene s’est ensuite rendu à la polyclinique 8 Mai 1945 dans le quartier El-Moustakbal, un autre point névralgique de la stratégie sanitaire du ministère : la santé de proximité. Il y a observé une réalité contrastée : des équipes qui tiennent le service avec détermination, mais un manque criant de moyens pour assurer un rôle central dans la prévention، l’éducation sanitaire et la gestion des pathologies courantes. Le ministre y a rappelé qu’une première ligne solide et respectée est indispensable pour alléger la pression sur les hôpitaux.

Le moment fort de la visite a été l’inauguration officielle du nouvel hôpital Lakhdari Mohamed El-Akhdar, doté de 240 lits. Ce complexe, équipé d’un plateau technique moderne comprenant imagerie lourde, blocs opératoires conformes aux standards internationaux, banque de sang, chirurgie spécialisée et unités d’urgence, est perçu comme un levier stratégique pour relever le niveau de l’offre de soins dans le Sud-Est. La présence d’une salle de conférences destinée à la formation continue renforce l’ambition de faire de cet hôpital un pôle de compétences régionales.

Ce qui s’est joué à Touggourt dépasse ainsi l’agenda protocolaire. La wilaya a servi de vitrine à une méthode : réhabiliter les infrastructures existantes, relancer les projets à l’arrêt et installer durablement la culture de la proximité. À travers cette visite, le ministre défend une vision qui veut mettre fin aux inégalités territoriales et replacer le citoyen au centre de la politique sanitaire.

En quittant Touggourt, Mohamed Seddik Aït Messaoudene n’a pas seulement ouvert des portes et réactivé des chantiers. Il a tenté d’imprimer un cap : celui d’un système de santé qui cesse de courir derrière l’urgence pour renouer avec sa mission fondamentale — protéger la vie des Algériens, partout et tous les jours.

Tinhinane B

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