Des microplastiques dans l’eau en bouteille : une menace invisible pour la santé

Une étude récente, publiée dans le Journal of Hazardous Materials, tire la sonnette d’alarme sur un danger silencieux : la présence de nano- et microplastiques dans les bouteilles d’eau en plastique à usage unique. Cette revue scientifique, menée par Sarah Sajedi, Chunjiang An et Zhi Chen, rassemble plus de 140 études internationales et met en évidence des risques chroniques potentiels pour la santé humaine encore largement sous-estimés.

Les chercheurs rappellent que chaque être humain ingère déjà, en moyenne, 40 000 à 50 000 particules de microplastique par an, un chiffre qui peut grimper à près de 90 000 chez les personnes consommant régulièrement de l’eau en bouteille. Ces particules, parfois mille fois plus petites qu’un grain de sable, proviennent du matériau même des bouteilles ou de leur processus de dégradation au contact de la chaleur et du temps.

Au-delà de leur présence inquiétante, les effets de ces particules sur l’organisme restent encore mal connus. Les auteurs évoquent toutefois des signaux préoccupants : inflammation chronique, stress oxydatif, perturbations hormonales, atteintes du système reproductif, voire risques accrus de cancer. Ces effets seraient liés à la capacité des nanoplastiques à traverser les barrières biologiques et à s’accumuler dans certains organes.

Mais les scientifiques reconnaissent aussi les limites des données actuelles : manque de protocoles standardisés, échantillons trop restreints, et quasi-absence d’études de longue durée sur les effets d’une exposition chronique. Les résultats varient fortement selon la taille, la forme ou la composition chimique des particules analysées.

Malgré ces incertitudes, les auteurs jugent nécessaire d’appliquer dès à présent le principe de précaution. Ils appellent à une réduction urgente de l’usage des bouteilles en plastique, à la mise en place de normes internationales sur les micro- et nanoplastiques dans les eaux conditionnées, et à un investissement massif dans la recherche pour mieux comprendre les effets réels de cette pollution invisible.

Pour les consommateurs, le message est simple : privilégier l’eau du robinet (lorsqu’elle est de bonne qualité), ou les gourdes réutilisables en verre ou en acier inoxydable. Car sous son apparente pureté, l’eau en bouteille pourrait bien contenir un ennemi minuscule, mais persistant — celui d’un monde plastique devenu omniprésent jusque dans nos cellules.

Nouhad Ourebzani

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