Les hématomes sous-duraux chroniques (HSDC), fréquents chez les personnes âgées ou après un traumatisme crânien mineur, restent un casse-tête médical. Malgré des traitements chirurgicaux souvent efficaces à court terme, la récidive n’est pas rare et laisse médecins et patients dans l’incertitude. Une étude récente, parue dans la revue Acta Neurochirurgica, apporte un éclairage nouveau : le système immunitaire, en particulier l’activité des macrophages, jouerait un rôle clé dans l’évolution et la réapparition de ces hémorragies silencieuses.
Les chercheurs ont suivi 85 patients opérés pour HSDC, en comparant le contenu cellulaire du liquide hématomateux à celui du sang circulant. Le constat est sans appel : le liquide sous-dural se distingue par une densité bien plus élevée de cellules immunitaires, signe d’un environnement inflammatoire localisé, bien différent d’un simple résidu hémorragique passif.
Mais au-delà de cette inflammation, c’est la polarisation des macrophages – ces cellules du système immunitaire qui digèrent les débris et orchestrent la réparation – qui a retenu l’attention. Deux types de macrophages s’opposent : les M1, pro-inflammatoires, et les M2, impliqués dans la réparation et la résolution des lésions. L’étude révèle que les patients sujets à récidive présentent une distribution déséquilibrée de ces sous-types, suggérant que c’est la nature même de la réponse immunitaire, plus que sa simple intensité, qui influence le risque de récidive.
Autre indice intrigant : le volume corpusculaire moyen (MCV) des globules rouges, mesuré dans le liquide sous-dural, était plus élevé chez les patients qui allaient connaître une rechute. Ce marqueur pourrait, à terme, devenir un indicateur simple et précoce du risque de récidive post-opératoire.
Ces résultats ouvrent des perspectives concrètes. En ciblant spécifiquement l’équilibre M1/M2, les traitements anti-inflammatoires pourraient devenir plus intelligents, adaptés non pas à supprimer l’inflammation, mais à la réorienter vers une réponse réparatrice. Des stratégies de modulation immunitaire – aujourd’hui explorées en cancérologie ou en médecine régénérative – pourraient ainsi trouver un nouvel ancrage en neurochirurgie.
Alors que la population vieillit et que les cas d’HSDC augmentent, cette avancée pourrait transformer la prise en charge d’une affection souvent considérée comme bénigne, mais qui, dans sa forme récidivante, peut lourdement peser sur la qualité de vie et la charge hospitalière.
Nouhad Ourebzani
