Une étude parue dans la revue JAMA Psychiatry établit un lien préoccupant entre la consommation de boissons sucrées et le risque de dépression, en mettant en évidence le rôle du microbiome intestinal. Menée auprès de plus de 900 adultes en Allemagne, l’enquête révèle que les grands consommateurs de sodas présentent plus souvent un trouble dépressif majeur et des symptômes plus sévères, un effet particulièrement marqué chez les femmes.
Les chercheurs ont observé qu’une bactérie intestinale, Eggerthella, apparaissait plus abondante chez les femmes consommant régulièrement des boissons sucrées. Cette variation microbienne n’est pas anodine : elle semble en partie expliquer l’association entre sodas et dépression, jouant le rôle de médiateur entre alimentation et santé mentale. Même si cette médiation reste limitée à quelques pourcents de l’effet global, elle ouvre une piste scientifique inédite pour comprendre comment nos habitudes alimentaires influencent le cerveau.
Les auteurs restent toutefois prudents. Il s’agit d’une étude observationnelle, qui ne permet pas de conclure à un lien de causalité direct. D’autres mécanismes — inflammation, métabolisme du sucre, mode de vie — pourraient intervenir dans cette relation complexe.
Ces résultats viennent néanmoins s’ajouter aux preuves déjà nombreuses sur les effets néfastes des boissons sucrées, bien au-delà des risques connus d’obésité et de diabète. Ils invitent à réfléchir à des stratégies de prévention qui prennent en compte non seulement la santé physique mais aussi la santé mentale, tout en ouvrant la voie à de nouvelles approches thérapeutiques centrées sur la modulation du microbiome.
Nouhad Ourebzani