Mieux penser la recherche pour mieux soigner

À quoi reconnaît-on une recherche crédible ? À ses résultats, diront certains. Mais pour l’Organisation mondiale de la santé (OMS), la qualité d’une étude se joue bien avant la collecte des données : tout commence à la phase de planification. C’est le message central d’une récente initiative du programme de recherche sur la santé reproductive (HRP) intitulée « Building Better Evidence: Tools to Do Research Right », qui vise à renforcer les fondations de la recherche scientifique, surtout dans les pays à ressources limitées.

Trop souvent, des études échouent non pas faute de moyens, mais parce qu’elles ont été mal construites dès le départ : question de recherche floue, hypothèse imprécise, collecte mal organisée. Ces erreurs, commises avant même la première donnée, compromettent la fiabilité des résultats et gaspillent des ressources précieuses. L’OMS rappelle qu’une bonne recherche commence par une bonne question, formulée avec rigueur et pertinence : c’est elle qui détermine la méthode, l’échantillonnage, l’analyse et, in fine, la crédibilité des conclusions.

Pour accompagner les chercheurs dans cette étape cruciale, l’OMS a développé une série de vidéos pédagogiques qui montrent comment « faire les choses bien » dès la conception. Ces modules, accessibles librement, abordent les notions essentielles : formuler une question claire et mesurable, définir des hypothèses solides, planifier la gestion des données pour garantir leur qualité et leur sécurité, concevoir des formulaires de collecte cohérents et éthiques.

Ces outils s’adressent aussi bien aux jeunes chercheurs qu’aux équipes expérimentées, aux comités d’éthique ou aux institutions publiques. Dans un contexte où les moyens sont souvent limités, la rigueur devient une exigence, non un luxe. Une recherche bien préparée, même modeste, peut avoir plus d’impact qu’un projet ambitieux mal pensé.

Plusieurs essais cliniques soutenus par le HRP en offrent la démonstration : les études CAP, Kesho Bora ou CHAMPION doivent une grande part de leur succès à la clarté des hypothèses et à la qualité des outils de planification. La solidité méthodologique en amont s’est traduite en résultats robustes, utiles et exploitables pour la santé publique.

En lançant ces nouveaux outils, l’OMS ne se contente pas de promouvoir la méthode scientifique : elle défend une vision plus équitable de la recherche mondiale, où chaque étude, quel que soit son contexte, peut être menée dans les règles de l’art. Car, comme le résume l’un des responsables du programme : « Une recherche solide commence par une planification solide, et une bonne planification commence par l’apprentissage. »

Avant de collecter, d’analyser ou de publier, encore faut-il savoir penser juste. C’est là, dans cette rigueur discrète mais essentielle, que se joue le véritable progrès scientifique.

Nouhad Ourebzani

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