Une nouvelle étude publiée dans Molecular Nutrition & Food Research suggère que l’un des moyens les plus naturels de freiner l’athérosclérose se trouve peut-être déjà dans nos cuisines : l’huile d’olive extra-vierge. Mais pas n’importe laquelle. Les chercheurs ont testé une huile particulièrement concentrée en composés bioactifs, et les résultats sont suffisamment frappants pour relancer le débat sur le pouvoir protecteur de la diète méditerranéenne.
Pour évaluer cet effet, l’équipe scientifique a utilisé des souris dépourvues d’ApoE, un modèle animal dans lequel l’athérosclérose se développe rapidement et de manière sévère. Pendant douze semaines, toutes les souris ont été nourries avec un régime occidental riche, identique en calories, qui ne différait que par la nature de la graisse consommée : huile de palme pour un groupe, huile d’olive extra-vierge « classique » pour un second, et une huile d’olive extra-vierge enrichie en composés bioactifs pour un troisième.
Les résultats ont été sans ambiguïté. Les souris nourries à l’huile de palme ont développé des plaques d’athérome importantes, tandis que celles ayant consommé l’huile d’olive – classique ou enrichie – ont présenté des lésions nettement plus faibles. Les artères étaient moins obstruées, moins enflammées et moins oxydées. À apport calorique égal, le seul fait de remplacer des graisses saturées par de l’huile d’olive a inversé la dynamique de la maladie. L’étude montre également comment cette protection opère : diminution de l’oxydation des lipides, modulation de l’activité des macrophages, baisse de certaines cellules immunitaires qui favorisent la captation de graisses oxydées, et accumulation dans le foie de squalène, une molécule antioxydante naturellement présente dans l’huile d’olive. La version enrichie en composés bioactifs amplifie certains de ces effets, confirmant que la qualité des polyphénols joue un rôle déterminant.
Les chercheurs ont aussi relevé des différences selon le sexe des animaux, sans remettre en cause l’effet global. Chez les mâles, la réduction des macrophages inflammatoires dans les plaques est particulièrement marquée. Chez les femelles, l’amélioration du « nettoyage » du cholestérol par les HDL semble jouer un rôle plus central. Malgré ces nuances, toutes convergent vers la même conclusion : les graisses saturées accélèrent l’athérosclérose, tandis que l’huile d’olive extra-vierge la freine.
Au-delà des chiffres, cette étude rappelle une évidence trop souvent négligée : toutes les graisses ne se valent pas. Là où un régime riche en graisses saturées favorise la maladie, un régime riche en matières grasses d’origine végétale, notamment l’huile d’olive extra-vierge, peut avoir l’effet inverse. Dans des régions comme le bassin méditerranéen, où l’huile d’olive est un produit culturel avant d’être un ingrédient culinaire, ce résultat confirme qu’elle constitue aussi un véritable outil de santé publique.
Ces travaux ont été menés sur des animaux et ne peuvent être transposés directement à l’Homme. Mais les mécanismes identifiés – inflammation, oxydation, immunité – sont universels, ce qui donne du poids à l’idée que l’huile d’olive extra-vierge, surtout lorsqu’elle est riche en polyphénols, pourrait contribuer à la prévention cardiovasculaire. L’étude rappelle ainsi que la diète méditerranéenne, loin d’être un simple héritage culinaire, demeure l’un des modèles alimentaires les plus cohérents avec les exigences de la santé moderne.
Ouiza Lataman
