Une molécule japonaise prometteuse pour limiter les séquelles

Une équipe de chercheurs japonais vient de mettre au point un médicament expérimental qui pourrait réduire les séquelles laissées par les accidents vasculaires cérébraux (AVC). Ces accidents surviennent lorsque la circulation sanguine vers le cerveau est interrompue, le plus souvent à cause d’un caillot qui bouche une artère. Privées d’oxygène et de nutriments, les cellules cérébrales meurent rapidement. Et même lorsque le flux sanguin est rétabli, le retour brutal de l’oxygène provoque un stress oxydatif qui aggrave les lésions.
C’est précisément ce phénomène que les chercheurs de l’Université d’Osaka ont cherché à contrer. Dans leurs travaux publiés le 20 juin 2025 dans la revue iScience, ils se sont intéressés à une enzyme clé du métabolisme cellulaire : la GAPDH. Cette protéine participe à la production d’énergie mais joue aussi un rôle dans d’autres fonctions vitales, comme la réparation de l’ADN. Or, lors d’un AVC, elle a tendance à s’agréger, c’est-à-dire à s’amasser sous une forme anormale, aggravant ainsi les dommages neuronaux.
Pour tester l’impact de ce mécanisme, les chercheurs ont provoqué un AVC chez des souris en bloquant une artère cérébrale pendant 30 mn, avant de rétablir la circulation. Résultat : les animaux génétiquement modifiés pour produire une version de GAPDH incapable de s’agréger présentaient deux fois moins de lésions cérébrales que les souris normales. Les mitochondries, véritables centrales énergétiques de la cellule, étaient également mieux protégées.
Puisqu’une modification génétique n’est pas envisageable chez l’homme, les scientifiques ont développé une approche médicamenteuse. Leur molécule, baptisée GAI-17, se fixe sur la zone GAPDH qui favorise l’agrégation et empêche ainsi la formation de ces amas toxiques.
Les résultats chez les souris sont encourageants : administrés une heure avant l’AVC, la molécule a réduit de moitié l’étendue des lésions et amélioré la fonction mitochondriale. Mais surtout, GAI-17 s’est avérée efficace même après l’accident. Injectée trois ou six heures après l’AVC, elle a limité les dégâts neuronaux par rapport aux souris non traitées. En revanche, administrée neuf heures après, elle n’avait plus aucun effet protecteur confirmant l’importance d’une intervention rapide.
Les chercheurs espèrent désormais que ce traitement pourra aussi être utile contre d’autres maladies neurologiques où le stress oxydatif joue un rôle, comme Alzheimer. « L’inhibition de l’agrégation de GAPDH pourrait ouvrir la voie à de nouvelles stratégies thérapeutiques », souligne Hidemitsu Nakajima, directeur de l’étude.
Une avancée prometteuse qui devra, toutefois, être confirmée par d’autres recherches avant d’envisager un essai chez l’humain.
Hassina Amrouni

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