Une vaste étude menée aux États-Unis révèle qu’un taux plus élevé de vitamine D chez la mère, particulièrement au cours des premières semaines de grossesse, pourrait jouer un rôle déterminant dans le développement intellectuel de l’enfant.
S’appuyant sur le suivi de plus de neuf cents dyades mère-enfant issues de cinq cohortes nationales, les chercheurs ont mis en évidence qu’une augmentation de dix nanogrammes par millilitre de 25-hydroxyvitamine D dans le sang maternel se traduisait par une amélioration mesurable des performances cognitives globales et, plus encore, des capacités de raisonnement et de résolution de problèmes.
L’effet le plus marqué a été observé chez les enfants de mères noires, population où la carence en vitamine D est la plus fréquente : plus de la moitié d’entre elles présentaient un déficit, contre un tiers environ chez les mères blanches. Selon les auteurs, cette différence pourrait s’expliquer par un moindre apport endogène, la mélanine réduisant la synthèse cutanée de vitamine D sous l’effet des rayons UV.
Au-delà de cette disparité, le moment de la grossesse apparaît crucial : les écarts de concentration en vitamine D entre mères d’enfants aux scores élevés et celles d’enfants aux scores plus faibles étaient les plus prononcés au début de la gestation. Ce constat conforte l’idée que cette vitamine, connue pour son rôle dans la santé osseuse, intervient aussi dans la maturation neuronale, la régulation des facteurs de croissance cérébrale et la synthèse des neurotransmetteurs.
Les chercheurs estiment que ces résultats ouvrent des perspectives importantes pour la santé publique : un dépistage précoce et une supplémentation adaptée pourraient contribuer à réduire les inégalités de développement cognitif, notamment dans les groupes les plus exposés au déficit.
Toutefois, ils appellent à la prudence : si l’association observée est solide, elle ne permet pas encore d’établir un lien de cause à effet, et seule la réalisation d’essais cliniques permettra de déterminer avec précision le dosage et le moment optimal pour intervenir.
Nouhad Ourebzani
