Cancer du foie : une progression mondiale alarmante, l’Asie et l’Afrique en première ligne

Les projections sont sans appel : d’ici 2050, les cas de cancer du foie dans le monde pourraient augmenter de 76 %, passant d’environ 870 000 nouveaux diagnostics en 2022 à 1,52 million. C’est le constat inquiétant dressé par un groupe international d’experts dans un rapport relayé par The Lancet Oncology et le Spiegel le 30 juillet 2025. Une hausse encore plus marquée est attendue pour la mortalité, avec une progression estimée à 81 %, soit 1,37 million de décès par an d’ici un quart de siècle.

Cette croissance rapide s’explique par une combinaison de facteurs de risque évitables : hépatites virales chroniques non traitées, consommation excessive d’alcool, obésité, diabète de type 2, et plus récemment, la stéatose hépatique non alcoolique (NAFLD), en forte expansion dans les pays à revenu élevé comme dans les économies émergentes. En l’absence de stratégies de prévention efficaces, le cancer du foie est en passe de devenir l’un des principaux enjeux de santé publique du XXIe siècle.

Aujourd’hui, plus de 70 % des cas de cancer du foie sont recensés en Asie, avec une concentration élevée dans des pays comme la Chine, l’Inde, le Japon, le Vietnam ou la Corée du Sud. En 2022, selon les données de GLOBOCAN, l’incidence standardisée pour 100 000 habitants atteignait 10,0 en Asie, avec une mortalité de 8,7. D’ici 2050, la mortalité féminine liée au cancer hépatique pourrait y augmenter de 108 %, et celle des hommes de plus de 80 %.

Si certains pays asiatiques ont fait des progrès notables dans la vaccination contre l’hépatite B et la surveillance des populations à risque, l’urbanisation rapide, les changements alimentaires et l’essor des maladies métaboliques y entretiennent une dynamique préoccupante.

L’Afrique pourrait connaître la plus forte progression relative. Les estimations tablent sur une augmentation de 145 % des nouveaux cas de cancer du foie d’ici 2050. En Afrique du Nord, l’incidence standardisée s’élève déjà à 15,2, avec un taux de mortalité de 14,5 pour 100 000 habitants, parmi les plus élevés au monde.

Les facteurs aggravants y sont multiples : faible couverture vaccinale contre les hépatites, accès limité aux traitements antiviraux, absence de programmes de dépistage systématique, et exposition à des substances cancérigènes comme les aflatoxines, produites par des moisissures contaminant les denrées alimentaires dans les zones tropicales.

Les experts s’accordent à dire qu’environ 60 % des cas de cancer du foie sont évitables. La mise en œuvre de politiques publiques cohérentes – axées sur la vaccination, le dépistage, la lutte contre l’obésité et l’alcoolisme, ainsi que l’accès aux soins – pourrait réduire significativement la charge mondiale de cette maladie. À ce jour, le cancer du foie reste pourtant l’un des cancers les plus mortels, mais aussi l’un des moins financés en matière de recherche et de prévention.

L’étude souligne également la nécessité d’un investissement massif dans les infrastructures de santé dans les pays à revenu faible et intermédiaire, afin d’inverser une dynamique qui menace des millions de vies.

Ouiza Lataman

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