Journée mondiale de lutte contre le paludisme 2025 : réinventer l’effort collectif pour vaincre un fléau persistant

C’est sous le thème « Réinvestir, réimaginer et raviver nos efforts communs pour mettre fin au paludisme », qu’est célébrée la Journée mondiale de lutte contre le paludisme 2025. Ce thème choisi par l’OMS et ses partenaires a pour objectif de « redynamiser l’action à tous les niveaux – des politiques mondiales à l’action communautaire – afin d’accélérer les progrès sur la voie de l’élimination du paludisme ».
Bien que des avancées considérables aient été accomplies, le paludisme reste aujourd’hui une des principales causes de morbidité et de mortalité dans le monde. En 2023, pas moins de 263 millions de nouveaux cas ont été recensés dans 83 pays, un chiffre en hausse par rapport aux 252 millions de cas estimés en 2022. Depuis 2000, les efforts mondiaux ont néanmoins permis d’éviter environ 2,2 milliards de cas et 12,7 millions de décès. Rien qu’en 2023, plus de 177 millions de cas et un million de décès ont pu être évités, l’Afrique concentrant 80 % de ces cas évités et 94 % des vies sauvées.
Le paludisme est une maladie infectieuse causée par des parasites du genre Plasmodium, transmis à l’être humain par la piqûre de moustiques infectés, principalement du genre Anopheles. Les symptômes incluent généralement de la fièvre, des frissons, des douleurs musculaires et, dans les formes graves, des complications potentiellement mortelles comme l’anémie sévère ou des atteintes cérébrales. Cette maladie touche surtout les enfants de moins de cinq ans, les femmes enceintes et les populations vivant dans des zones peu médicalisées.
Heureusement, des traitements efficaces existent, reposant sur des médicaments antipaludiques tels que les combinaisons à base d’artémisinine. La prévention joue aussi un rôle clé : moustiquaires imprégnées d’insecticide, pulvérisation d’insecticide à l’intérieur des habitations, élimination des gîtes larvaires, mais aussi vaccination, représentent des outils indispensables dans la lutte contre cette maladie.
Cependant, certaines régions connaissent une aggravation préoccupante de la situation. La Région OMS de la Méditerranée orientale a vu le nombre de cas exploser, atteignant près de 10,2 millions en 2023, soit une augmentation de 137 % par rapport à 2015. Les catastrophes naturelles comme les inondations au Pakistan, à l’origine de 3,7 millions de cas supplémentaires en trois ans, ainsi que les conflits armés persistants au Soudan et au Yémen, ont gravement entravé les campagnes de prévention. Le Soudan, en particulier, affiche les taux d’incidence les plus élevés de la région, avec plus de 3,4 millions de cas et 7 900 décès estimés en 2023, des chiffres probablement sous-évalués à cause de la crise humanitaire.
Face à l’émergence de résistances aux médicaments et aux insecticides, aux mutations parasitaires et aux effets du changement climatique sur les zones de transmission, l’OMS appelle à des réponses innovantes. Des initiatives prometteuses voient le jour : l’Égypte a été certifiée exempte de paludisme en octobre 2024. Au Soudan, une campagne de vaccination ciblant 148 000 enfants a été lancée fin 2024, avec pour ambition d’atteindre 1,3 million d’enfants d’ici 2026.
Autre exemple de progrès, Djibouti expérimente une solution inédite : la libération de moustiques Anopheles stephensi génétiquement modifiés, dans le cadre d’un projet pilote lancé en mai 2024. Cette démarche s’inscrit dans une volonté plus large de renforcer la coordination régionale et l’innovation pour évaluer et prévenir les risques de réintroduction du paludisme, notamment en partenariat avec le Global Institute for Disease Elimination (GLIDE).
Pour soutenir ces efforts, l’OMS insiste sur la nécessité d’un engagement collectif accru. Elle appelle à intensifier les financements, à renforcer les systèmes de santé, et à investir dans des interventions éprouvées : moustiquaires imprégnées, pulvérisations intradomiciliaires, chimioprévention, et vaccination. La Dre Hanan Balkhy, directrice régionale de l’OMS pour la Méditerranée orientale, rappelle que « mettre fin au paludisme n’est pas seulement une priorité sanitaire, c’est un investissement dans un avenir en meilleure santé, plus équitable, plus sûr et plus prospère pour chaque nation ».
Dans le cadre de l’initiative « Big Push », l’OMS identifie six priorités stratégiques pour revitaliser la lutte antipaludique, notamment l’amélioration de la coordination, le renforcement du leadership national, l’usage des données pour guider les décisions, et le financement durable des efforts.
Un monde sans paludisme est à portée de main, à condition d’agir avec détermination, innovation et solidarité. Comme le souligne l’OMS : « En travaillant ensemble, nous pouvons faire en sorte que personne ne soit laissé pour compte ».
Hassina Amrouni

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