Disparition de Hadj Hamitouche : un philanthrope discret, pilier de la santé solidaire

L’Algérie est en deuil. Elle vient de perdre l’un de ses plus grands bâtisseurs, mais aussi l’un de ses plus nobles cœurs. Hadj Lounis Hamitouche, président-directeur général de la laiterie Soummam, est décédé aujourd’hui, laissant derrière lui non seulement un empire agroalimentaire, mais surtout l’empreinte profonde d’un homme d’une rare générosité, qui n’a cessé de rendre au peuple algérien ce qu’il estimait lui devoir.

Issu d’un milieu modeste, né dans la wilaya de Béjaïa, Lounis Hamitouche n’était pas seulement un capitaine d’industrie. Il était un homme engagé, profondément solidaire, qui portait en lui la douleur des autres. Il avait su bâtir, à force de travail, de détermination et de convictions, un fleuron de l’économie algérienne. Mais il a également marqué la mémoire collective par ses innombrables actions en faveur de la santé publique, des hôpitaux, des malades et des associations caritatives.


Un philanthrope discret mais déterminé

Durant la crise sanitaire mondiale de la COVID-19, alors que les hôpitaux algériens faisaient face à une pénurie dramatique d’oxygène, Hadj Lounis Hamitouche s’est illustré par une action concrète et salvatrice. Il a offert, à titre personnel et au nom de Soummam, des centaines de concentrateurs d’oxygène à presque tous les hôpitaux du pays. Ces équipements ont été cruciaux pour sauver des vies humaines, notamment dans les wilayas durement touchées comme Blida, Alger, Tizi-Ouzou, Oran et Constantine.

Face à la détresse des services d’urgence, il a également financé l’achat et la mise à disposition de dizaines d’ambulances, dont certaines équipées de matériel de réanimation, destinées aux structures sanitaires rurales et aux associations de soutien aux malades chroniques. Parmi les bénéficiaires de ces dons figurent plusieurs associations de lutte contre le cancer, l’insuffisance rénale, les maladies rares et les maladies infantiles.


« Je suis parti de rien… »

Lorsqu’on le questionnait sur les raisons de ses actions, il ne s’étendait pas. Son humilité était désarmante. « Je suis parti de rien, le peuple algérien m’a tout donné en achetant les produits Soummam. Il est naturel qu’une part de cet argent leur serve à se soigner », aimait-il dire. Cette phrase, simple en apparence, résume à elle seule la philosophie de l’homme : la réussite ne vaut que si elle est partagée.

Il n’était pas rare de le voir visiter discrètement des services pédiatriques, soutenir des familles dans le besoin, ou encore financer des projets d’aménagement dans des centres hospitaliers régionaux. Il a également joué un rôle discret mais décisif dans l’équipement de plusieurs unités d’hémodialyse dans le Sud du pays.


Un acteur du développement local et de la santé publique

La laiterie Soummam, qu’il a fondée en 1993 avec des moyens limités, est devenue l’une des plus grandes entreprises agroalimentaires du pays. Mais contrairement à beaucoup, Lounis Hamitouche a su lier croissance économique et responsabilité sociale. Il avait compris très tôt que le développement durable d’une entreprise passait aussi par l’amélioration des conditions de vie de ses concitoyens.

Son entreprise a ainsi multiplié les initiatives : financement de campagnes de dépistage du cancer du sein, parrainage de caravanes médicales dans les zones enclavées, distribution gratuite de produits laitiers dans les écoles rurales, et aide financière directe à des familles touchées par la maladie.


Une reconnaissance nationale unanime

Sa disparition a suscité une vague d’émotion dans tout le pays. Les hommages affluent depuis ce matin : anciens malades, médecins, associations, responsables d’hôpitaux, mais aussi simples citoyens qui se souviennent d’un geste, d’un mot, d’une aide précieuse dans les moments les plus sombres.

Le ministère de la Santé a salué « un homme qui a profondément marqué notre système de santé par sa solidarité exceptionnelle et son sens de l’humanité ». De son côté, le président du Croissant-Rouge algérien a rappelé que « Hamitouche avait répondu présent à chaque appel, sans jamais demander la moindre visibilité médiatique ».


Un héritage moral et national

Au-delà de l’homme d’affaires, c’est donc un humaniste, un bienfaiteur, un patriote discret mais efficace qui s’en est allé. Son exemple inspirera longtemps les nouvelles générations d’entrepreneurs algériens. Car Hadj Lounis Hamitouche a prouvé qu’il était possible d’entreprendre et de réussir sans jamais oublier ses racines, sans jamais détourner le regard des plus vulnérables.

Ses obsèques, prévues demain dans sa région natale, s’annoncent émouvantes. Des milliers de personnes sont attendues pour lui rendre un dernier hommage.


L’homme de la Soummam, l’homme du peuple

Il est des hommes dont le nom restera gravé non dans le marbre des monuments, mais dans le cœur des gens. Hadj Lounis Hamitouche est de ceux-là. Il aura su, par son travail, sa générosité et sa fidélité à son pays, incarner une figure rare de réussite solidaire, celle que l’on aimerait voir plus souvent.

Qu’il repose en paix, entouré de la reconnaissance de tout un peuple. L’Algérie ne l’oubliera pas.

Nora S.

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