Révolution dans le traitement de la dépression : Le projet « Fluplus » pourrait redéfinir le marché mondial des antidépresseurs

Un projet novateur mené par la biochimiste Camila Mansilla, de l’Université Pontificale Catholique de Valparaíso au Chili, pourrait bouleverser le marché mondial des antidépresseurs. Ce projet, baptisé « Fluplus », propose une approche révolutionnaire dans le traitement de la dépression en modifiant la composition chimique des médicaments actuels, offrant ainsi une alternative potentiellement plus efficace et mieux tolérée par les patients.

La biochimiste explique que les antidépresseurs actuels partagent un mécanisme d’action unique qui passe exclusivement par le système nerveux central. Ce mode d’action présente plusieurs inconvénients majeurs : il faut en moyenne deux à quatre semaines pour que les effets du traitement se fassent sentir, et durant cette période, les patients sont souvent confrontés à des effets secondaires indésirables tels que l’anxiété, des troubles du sommeil, des nausées, l’anhédonie (incapacité à ressentir du plaisir) et, dans certains cas, des tendances suicidaires.

L’objectif de la recherche menée par Camila Mansilla est d’éviter que les antidépresseurs n’agissent directement sur le système nerveux central. « Nous avons modifié les antidépresseurs pour qu’ils interviennent via le microbiote intestinal. Cette approche repose sur l’étude de l’axe microbiote-intestin-cerveau, et permet de développer de nouveaux antidépresseurs qui agissent plus rapidement et avec moins d’effets secondaires pour le patient », précise-t-elle.

L’une des principales innovations du projet réside dans l’optimisation de l’absorption du médicament. Mansilla souligne que, dans les traitements actuels, seulement 7 % de la dose administrée atteint effectivement le système nerveux central, où se produit l’effet thérapeutique attendu. « En modifiant le mécanisme d’action pour que le médicament soit absorbé par le microbiote intestinal, nous parvenons à réduire les effets secondaires tout en augmentant la proportion de la dose qui atteint le système nerveux central. Cela permet également de diminuer la quantité de médicament nécessaire », explique-t-elle.

Le projet, mené en collaboration avec le professeur Javier Bravo de l’Institut de chimie de la PUCV, est actuellement en phase de prototypage. Les analyses menées ont déjà permis de vérifier que le nouvel antidépresseur modifié n’interagit pas directement avec le système nerveux central. « Il s’agit d’une réussite majeure car nous avons atteint notre premier objectif : démontrer que nous pouvons produire un antidépresseur efficace sans qu’il agisse directement sur le système nerveux central. Cette hypothèse a été confirmée par des tests in vitro et in vivo », se réjouit Camila Mansilla.

La biochimiste déclare avec optimisme : « Notre objectif est de tester ce nouveau traitement à plus grande échelle et, à terme, de le mettre sur le marché pour offrir une nouvelle option thérapeutique aux patients souffrant de dépression. »

Si les promesses de ce projet se confirment, il pourrait bien redéfinir les standards du traitement de la dépression, en offrant aux patients un médicament plus sûr, plus rapide, et surtout, mieux toléré.

Nouhad Ourebzani

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