Dr Kahina Mezmar, pédopsychiatre : Dépistage précoce d’un enfant autiste
Précisant qu’il s’agit de conseils et pas d’une consultation en ligne, le Dr Mezmar invitera les parents dont les enfants présentent quelques difficultés dans les interactions sociales à faire ausculter leur enfant par un pédiatre, pédopsychiatre ou neuro-pédiatre.
Selon le Dr Mezmar, le dépistage débute entre 12 et 18 mois. Durant cette tranche d’âge, on peut déterminer la nature du risque : « il y a le haut risque autistique, le risque moyen et le faible risque. Dans tous les cas, cela nous permet de surveiller l’enfant ou bien de le prendre en charge de façon précoce », a-t-elle indiqué, avant de préciser que le dépistage porte sur les troubles de la communication, du comportement et des relations sociales.
Revenant sur « quelques signes qui devraient alerter les parents », la pédopsychiatre a conseillé à ces derniers de « sortir de leur déni », dans le cas où leur enfant présenterait certaines difficultés et de « regarder la réalité en face » pour pouvoir l’aider.
Concernant les signes qui doivent alerter les parents, le Dr Mezmar en a énuméré quelques-uns parmi les plus importants, à savoir :
-L’enfant ne prononce aucun baillage avant 12 mois, aucun mot avant 18 mois.
-Il ne pointe pas du doigt les objets ou les choses qu’il voit ou qu’il aime.
-Il présente des stéréotypies gestuelles comme le papillonnage, le balancement ou le jeu des mains devant les yeux…etc
-Il a une tendance à l’immuabilité, c’est-à-dire qu’il veut vivre dans un monde statique.
-Manque d’intérêt pour les jeux, absence de faire semblant, c’est-à-dire qu’il joue avec les jouets d’une façon qui lui est propre contrairement aux autres enfants.
-Il est trop calme ou au contraire trop excité.
-Il ne s’intéresse pas aux autres enfants, même quand ils sont autour de lui, il ne va pas vers eux, il préfère rester seul dans son coin, à faire des gestes stéréotypés et jouer à sa façon.
-Quand on l’appelle, il ne se retourne pas. Par contre, s’il entend un son, une chanson qu’il aime, le générique d’un dessin animé, d’un film, il vient en courant.
-Quand on lui sourit, il ne sourit pas à son tour, il a un visage rigide sans émotion.
-Il n’imite pas, ni les parents ni les autres personnes de son entourage.
-Il nous fuit du regard, ne nous regarde pas, parfois, il se bouche les oreilles pour ne pas entendre certains sons.
-Il peut présenter des troubles de la marche, comme marcher sur la pointe des pieds
-Il ne joue pas, nous ignore et n’est pas interactif.
Le Dr Mezmar s’est, ensuite, attardée sur un point très important, à savoir qu’on ne peut pas affirmer qu’un enfant est autiste par la seule présence d’un ou de plusieurs signes « la présence d’un ou plusieurs signes chez l’enfant ne veut pas dire qu’il a un trouble. Il y a un dépistage à faire. Il faut, cependant, surveiller son comportement en prenant des notes, en faisant des vidéos qui peuvent aider le médecin traitant », a-t-elle fait remarquer et d’ajouter à l’adresse des parents qui s’interrogent sur l’attitude à adopter face à un enfant qui présenterait l’un de ces signes : « vous pouvez réagir à certains comportements en jouant et en échangeant avec votre enfant, même s’il donne l’impression de ne pas être réceptif, il faut attirer son attention vers vous, essayer de corriger sa manière de jouer qui n’est pas correcte et lui montrer comment jouer et cela avec intelligence et délicatesse sans le brusquer… », a-t-elle indiqué. Enfin, elle a conseillé aux parents qui ont tendance à occuper leurs jeunes voire très jeunes enfants, en leur mettant un téléphone entre les mains ou en les mettant en face de la télévision, de ne plus le faire : « normalement, il est interdit de mettre un enfant face à un écran avant l’âge de 3 ans, c’est-à-dire pas de télé, ni de micro, ni de téléphone, ni de tablette, cela ne peut que lui nuire. Ce n’est pas cela qui va le rendre autiste mais cela va lui causer d’autres problèmes de langage, de sociabilité…etc. Essayez de jouer avec lui, de vous occuper de lui, il faut lui accorder du temps », a-t-elle conclu.
Kamir B.