Dormir un peu après le déjeuner pourrait sembler anodin, voire bénéfique. Pourtant, une étude récente vient bouleverser les idées reçues : certaines habitudes de sieste, notamment leur durée, leur irrégularité ou leur moment dans la journée, pourraient être associées à une augmentation du risque de mortalité.
Présentée lors de la conférence internationale SLEEP 2025, cette vaste étude britannique a suivi plus de 86 000 adultes âgés de 43 à 79 ans pendant plus d’une décennie. À l’aide de dispositifs portés au poignet, les chercheurs ont pu mesurer de manière objective les habitudes de sommeil diurne des participants, et les corréler à leur état de santé à long terme.
Les résultats sont sans appel : les personnes qui font des siestes longues, irrégulières ou trop proches de midi (entre 11 h et 15 h) présentent un risque plus élevé de décès, toutes causes confondues. Ce lien persiste même après avoir pris en compte d’autres facteurs de risque comme le tabagisme, l’alcool, l’activité physique ou la durée du sommeil nocturne.
Les scientifiques ne suggèrent pas que la sieste en elle-même est dangereuse, mais qu’elle pourrait être le reflet de troubles sous-jacents. Une somnolence excessive durant la journée peut, par exemple, signaler des pathologies non diagnostiquées comme l’apnée du sommeil, une insuffisance cardiaque, un diabète ou des déséquilibres métaboliques.
Autre hypothèse : des siestes mal synchronisées avec notre horloge biologique interne pourraient perturber le rythme circadien, entraînant des effets délétères sur la santé cardiovasculaire et inflammatoire.
En clair, ce n’est pas tant le fait de faire la sieste qui poserait problème, mais comment, quand et à quelle fréquence on la pratique.
D’autres recherches soulignent au contraire les effets positifs d’une sieste bien calibrée : amélioration de la concentration, réduction du stress, baisse de la tension artérielle et même préservation des fonctions cognitives chez les personnes âgées. Pour profiter de ces bienfaits sans risque, les experts recommandent des siestes courtes (10 à 30 minutes maximum), idéalement en début d’après-midi.
En cas de besoin fréquent de sieste ou de fatigue persistante, il est vivement conseillé de consulter un professionnel de santé afin d’écarter une pathologie sous-jacente.
La sieste n’est pas un ennemi à fuir, mais un signal à écouter. Bien menée, elle peut être un allié pour le corps et l’esprit. Mais lorsqu’elle devient excessive, imprévisible ou trop fréquente, elle mérite d’être prise au sérieux comme un indicateur possible d’un déséquilibre plus profond.
Nouhad Ourebzani