Les 194 États membres de l’OMS n’arrivent toujours pas à clore plus de deux ans de discussions sur la gestion des futurs pandémies et à adopter un traité à l’occasion de la 77e Assemblée mondiale de la santé, qui s’est ouverte lundi à Genève et s’achève le 1er juin.
Le traité mondial sur la pandémie est en péril à cause de la réticence de l’Allemagne et de l’UE à renoncer à la protection des brevets pharmaceutiques. Une déclaration en 2021 par Angela Merkel et Charles Michel promettait un accès équitable aux vaccins et autres produits médicaux, mais les négociations actuelles à l’OMS montrent peu de solidarité européenne. L’Europe privilégie des actions volontaires plutôt que des règles contraignantes pour l’accès universel aux médicaments en cas de futures pandémies. Ce manque de contrainte risque de reproduire les inégalités observées durant la pandémie de Covid-19, où les pays riches ont monopolisé les vaccins au détriment des pays pauvres.
La pandémie a aussi mis en lumière la pénurie de professionnels de santé et la compétition pour ces travailleurs, exacerbée par l’émigration, avec des conséquences négatives pour les pays en développement. Les discussions sur le traité sont également influencées par des considérations géopolitiques et des conflits d’intérêts entre pays du Nord et du Sud, notamment sur le partage des données sur les agents pathogènes et les avantages qui en découlent.
L’article 12 du projet de traité propose un système de partage équitable des bénéfices liés aux agents pathogènes (PABS), mais des divergences persistent sur sa mise en œuvre. La confiance, érodée par la gestion de la pandémie de Covid-19, complique encore les négociations. Les pays du Sud craignent d’être désavantagés malgré leur contribution aux données. Des événements passés, comme les sanctions économiques suite à la découverte du variant Omicron, alimentent cette méfiance.
Le contexte géopolitique actuel, avec des tensions sur des questions comme l’Ukraine et Gaza, pèse également sur les négociations. Le secteur de la santé, autrefois unificateur, est devenu une source de division. Les changements politiques, notamment l’augmentation des gouvernements de centre-droit en Europe, influencent la volonté de s’engager dans des traités internationaux.
Amina Azoune