La pollution lumineuse nocturne, un facteur de risque émergent de la maladie d’Alzheimer

Une étude récente, publiée dans Frontiers of Neuroscience, établit un lien significatif entre l’exposition à la lumière nocturne extérieure et une prévalence accrue de la maladie d’Alzheimer (MA) aux États-Unis. Cette découverte met en lumière un facteur de risque encore peu exploré dans le cadre de cette maladie neurodégénérative, caractérisée par une perte de mémoire progressive et un déclin cognitif.

Historiquement, la lumière provenait principalement du feu, jusqu’à l’introduction de l’éclairage au gaz et à l’électricité aux XVIIIe et XIXe siècles. Aujourd’hui, l’éclairage artificiel, bien qu’utile pour la sécurité et le confort, est devenu omniprésent. Cependant, son excès, qualifié de pollution lumineuse, pose des risques croissants pour la santé humaine.
Outre les troubles du sommeil, l’obésité et la dépression, cette pollution lumineuse pourrait également jouer un rôle dans le développement de maladies neurodégénératives comme l’Alzheimer. L’étude récente fournit des données solides pour étayer cette hypothèse.

Les chercheurs ont analysé des données issues de Medicare, couvrant la période 2012-2018, et des mesures satellitaires de la NASA sur l’intensité lumineuse nocturne. Les bénéficiaires concernés étaient âgés de plus de 65 ans ou souffraient de certains handicaps et maladies chroniques.
L’étude a également pris en compte divers facteurs biologiques et démographiques, comme l’âge, le sexe, l’origine ethnique et des conditions médicales associées, telles que le diabète et la fibrillation auriculaire. Les données ont été étudiées au niveau des États et des comtés, permettant une analyse fine des variations géographiques.

Les chercheurs ont classé les États américains en cinq groupes selon leur intensité lumineuse nocturne moyenne. Les États les plus éclairés présentaient une prévalence de la MA significativement plus élevée que les États moins exposés à la lumière. Une corrélation positive a été confirmée à l’échelle nationale, touchant aussi bien les personnes de plus de 65 ans que celles plus jeunes.

Au niveau des comtés, les résultats ont révélé une prévalence accrue de la maladie d’Alzheimer dans les zones les plus éclairées, renforçant les conclusions obtenues à l’échelle des États. Ces associations persistaient même après ajustement pour des facteurs comme l’obésité, la dépression et l’abus d’alcool. Toutefois, des conditions comme le diabète ou les accidents vasculaires cérébraux demeuraient des prédicteurs plus puissants de la maladie.

L’exposition à la lumière nocturne semble affecter de manière disproportionnée certains groupes ethniques, comme les Amérindiens, et les individus de moins de 65 ans. Ces résultats suggèrent que la pollution lumineuse pourrait avoir des effets différenciés selon les caractéristiques démographiques et biologiques des populations.

Cette étude met en évidence un besoin urgent de considérer la pollution lumineuse comme un enjeu de santé publique. La relation observée entre l’intensité lumineuse nocturne et la prévalence de la maladie d’Alzheimer ouvre de nouvelles perspectives pour prévenir cette pathologie, notamment par des politiques visant à réduire l’éclairage excessif.

Les chercheurs appellent à approfondir les investigations pour mieux comprendre les mécanismes sous-jacents et identifier des stratégies efficaces pour limiter l’impact de cette pollution invisible mais néfaste.
Nouhad Ourebzani

Ce site utilise des cookies pour améliorer votre expérience. Nous supposerons que vous êtes d'accord avec cela, mais vous pouvez vous désinscrire si vous le souhaitez. Accept Read More