Chaque année, le mois de janvier est consacré à la sensibilisation et au dépistage du cancer du col de l’utérus, une maladie qui peut être prévenue grâce à un dépistage régulier et à la vaccination contre le HPV. À cette occasion, nous avons rencontré le Docteur Gharbi Souad, médecin spécialiste en gynécologie-obstétrique à la Clinique El Hilal de Boumerdès. Forte de son expertise, elle a répondu à nos questions pour mieux comprendre les enjeux du dépistage, les facteurs de risque et les mesures préventives essentielles pour lutter contre cette maladie.
Quels sont les principaux facteurs de risque associés au cancer du col de l’utérus et comment peut-on les minimiser ?
Le cancer du col de l’utérus est principalement causé par une infection au virus HPV (papillomavirus humain), en particulier les types 16 et 18. Plusieurs facteurs de risque sont associés à cette maladie. Parmi eux, l’infection par le HPV est la cause principale. Le tabagisme joue également un rôle important en affaiblissant les défenses de l’organisme. Un système immunitaire affaibli, par exemple en raison du SIDA ou de traitements par des immunosuppresseurs, augmente également les risques. Par ailleurs, une multiplicité de partenaires sexuels, les antécédents familiaux de cancer du col, un début précoce des rapports sexuels ou encore un nombre élevé de grossesses sont d’autres facteurs qui peuvent favoriser l’apparition de ce cancer. Pour réduire ces risques, un dépistage régulier et la vaccination contre le HPV sont des mesures préventives essentielles.
Quels sont les signes précoces ou symptômes qui devraient inciter une femme à consulter un gynécologue ?
Les signes précoces du cancer du col de l’utérus peuvent être difficiles à détecter, car il n’y a souvent pas de symptômes évidents aux premières phases de la maladie. Toutefois, certains signes peuvent apparaître à un stade plus avancé ou lorsque la maladie devient plus grave. Parmi eux, on note des saignements anormaux, notamment entre les règles, après les rapports sexuels ou après la ménopause. Des douleurs pelviennes persistantes, des écoulements vaginaux inhabituels, des douleurs lors des rapports sexuels, une fatigue excessive et une perte de poids inexpliquée peuvent également survenir. Ces symptômes nécessitent une attention médicale immédiate pour un diagnostic précoce et une prise en charge appropriée.
Quels examens de dépistage, comme le frottis ou le test HPV, recommandez-vous et à quelle fréquence doivent-ils être effectués ?
Le dépistage du cancer du col de l’utérus repose principalement sur le frottis cervico-vaginal et la détection du virus HPV (papillomavirus humain). Le frottis cervico-vaginal consiste à prélever des cellules du col de l’utérus afin de les examiner pour détecter d’éventuelles anomalies. Ce test permet d’identifier des cellules pré-cancéreuses avant qu’elles ne se transforment en cancer. Le test HPV, quant à lui, détecte la présence du virus HPV sur les cellules prélevées lors du frottis. Concernant la fréquence du dépistage, il est recommandé de réaliser un frottis cervico-vaginal tous les 3 ans pour les femmes âgées de 25 à 29 ans. Pour les femmes de 30 à 65 ans, un test HPV, avec ou sans frottis, est préconisé tous les 5 ans. Après 65 ans, si les derniers tests (frottis et HPV) étaient normaux, le dépistage peut être arrêté, sauf en cas d’antécédents de lésions précancéreuses, où un suivi reste nécessaire. Un dépistage régulier est essentiel pour une détection précoce et une prise en charge adaptée.
Quels sont les traitements disponibles pour le cancer du col de l’utérus selon les différents stades de la maladie, et quels en sont les effets secondaires potentiels ?
Le traitement du cancer du col de l’utérus varie en fonction du stade de la maladie et est adapté à chaque cas. Pour les stades précoces, une chirurgie appelée conisation peut être réalisée, tandis que pour les stades plus avancés, une hystérectomie (ablation de l’utérus) est souvent nécessaire. La radiothérapie, utilisée seule ou en combinaison avec la chirurgie, permet de détruire les cellules cancéreuses. La chimiothérapie, consistant en l’administration de médicaments, est généralement réservée aux stades les plus avancés. De plus, l’immunothérapie, qui stimule le système immunitaire pour lutter contre le cancer, peut être envisagée dans certains cas avancés. Le choix du traitement dépend du stade de la maladie et des spécificités de chaque patient, afin d’offrir une prise en charge optimale et personnalisée.
Entretien réalisé par Ines Fouzari