Une récente étude britannique vient bousculer notre compréhension du lien entre corps et esprit. Menée conjointement par l’université de Liverpool et le groupe Unilever, cette recherche met en évidence une corrélation étonnante entre la composition du microbiote cutané et l’état psychologique des individus. Pendant plusieurs semaines, les chercheurs ont analysé les micro-organismes présents sur différentes zones du corps – visage, cuir chevelu, avant-bras et aisselles – chez une cinquantaine de volontaires. En parallèle, ces derniers ont été soumis à des évaluations précises portant sur le stress perçu, l’humeur générale et la qualité du sommeil.
Les résultats ont surpris même les scientifiques les plus prudents. Une plus grande abondance de certaines bactéries, notamment Cutibacterium – longtemps connue pour son implication dans l’acné – semble ici associée à un niveau de stress plus faible et à une humeur plus positive. Cette découverte pourrait bien inaugurer un nouveau chapitre dans les sciences du bien-être, en introduisant la peau comme interface active entre santé mentale et environnement microbien. Elle suggère, pour la première fois, que le microbiote cutané ne se contente pas de protéger l’épiderme, mais qu’il pourrait également jouer un rôle dans l’équilibre émotionnel.
Ce lien entre peau et psychisme, que les chercheurs qualifient déjà d’« axe peau-cerveau », fait écho aux découvertes récentes sur l’axe intestin-cerveau. Il pourrait bientôt transformer les routines de soins en véritables gestes de santé mentale, intégrant des probiotiques cutanés ciblés ou des cosmétiques agissant sur l’humeur. Au-delà de la simple curiosité scientifique, cette avancée traduit une évolution profonde dans la manière dont nous envisageons notre bien-être : plus holistique, plus incarnée, et désormais, plus microbienne.
Nouhad Ourebzani
