Pr Madjid Tabti : « Il faut aller vers un déconfinement programmé et vivre avec le virus et les gestes barrières »

Le confinement, pour ceux qui l’observent, a forcément des répercussions sur le mental. L’abandon des activités habituelles, le retrait par rapport à la vie sociale et le fait d’évoluer dans le même espace fermé a des effets stressants sur notre moral. Nous savons tous que c’est pour la bonne cause. Le Professeur Madjid Tabti, chef de service de pédopsychiatrie à l’EHS de psychiatrie de Chéraga, parle de « télescopage entre la situation sanitaire et la situation sociale notamment en ce mois de Ramadhan », soulignant que « nous ne pouvons pas continuer ainsi alors que nous sommes en confinement depuis environ deux mois ».

Le spécialiste, qui s’est exprimé dans un entretien accordé à notre journal en ligne Esseha.com, affirme que « le confinement ne doit pas se faire de cette manière » et qu’« il est impossible que nous poursuivions dans ces conditions » du fait que cela constitue une épreuve pour de nombreux citoyens, sur différents aspects. « Les citoyens souffrent sur le plan psychologique, sur le plan psychiatrique et sur le plan social. Nombre d’entre eux sont des journaliers et n’ont plus d’activité. Il est temps que nous apprenions à vivre avec ce virus, mais sans omettre les habitudes sanitaires que nous mettons en application depuis deux mois ». Pr Tabti a affirmé que le confinement a mis sous pression tous les citoyens, il insiste sur la nécessité d’aller vers le déconfinement mais que cela ne doit pas se faire de manière désordonnée. Celui-ci doit être étudié et programmé à l’image de ce qui a été fait dans certains pays, comme il le souligne. «Nous ne devons pas sortir tous en même temps comme cela a été observé avant le Ramadhan, ce qui a abouti à une augmentation des cas de Covid-19 ».

Il revient sur le fait qu’il faut être prêt à vivre avec l’idée que le virus est là et à l’inclure dans nos mentalités tout en incluant les gestes barrières dans nos habitudes et dans notre vie de tous les jours, dans la perspective d’un déconfinement. La raison est que ce virus ne disparaitra pas de sitôt, toutes les études le font ressortir, poursuit Pr Tabti qui signale que ce qui se dit à propos de l’effet corrosif de la chaleur sur le nouveau Coronavirus est faux. « Il faut se préparer (à ce qu’il disparaisse) vers la fin de l’année, voire dans une année. De ce fait, nous ne pouvons pas continuer ainsi. Les gens ne travaillent pas, il y a une tension psychologique très intense et en tant que spécialistes, nous la vivons ». Il faut donc préparer un déconfinement « intelligent », et ce qui nous sauvera d’un « virus dangereux », dit-il, ce sont les précautions que nous devons prendre, comme le port de masques qui « doit devenir obligatoire ».

Rachida Merkouche

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