Au 16ᵉ jour de Ramadhan, Esseha s’est entretenu avec le Pr Rachid Belhadj, chef de service de médecine légale au CHU Mustapha et directeur des activités médicales et paramédicales au sein du même établissement.
Selon le Pr Belhadj, « comparé à l’année dernière, le nombre de cas de violences a baissé, mais nous avons tout de même enregistré 126 cas de violences touchant majoritairement des hommes, mais aussi 46 femmes battues ». Il précise que « la violence se manifeste principalement dans les marchés, la circulation, les endroits où il y a une activité commerciale illégale, et également juste avant la rupture du jeûne ». Ces violences sont à la fois « communautaires, familiales ou impliquant le voisinage, avec parfois l’utilisation d’armes blanches ».
Il ajoute que « des cas de violence sont liés à la consommation de psychotropes », bien qu’aucun cas d’overdose n’ait été signalé depuis le début du mois. Cependant, « la consommation de cannabis et de psychotropes persiste ». Une baisse notable de la violence dans les stades a également été constatée, ce qui représente « un bon indicateur ».
Concernant les urgences du CHU Mustapha, qui compte 16 services d’urgences médicales et chirurgicales, le Pr Belhadj déplore « une augmentation du nombre d’accidents de la route, impliquant surtout les conducteurs de motos ». Il indique que « plusieurs blessés ont été enregistrés ainsi que le décès tragique d’un enfant, percuté par une moto ». Il souligne que « ces conducteurs circulent souvent sans casque et en méprisant le code de la route, notamment quelques instants avant la rupture du jeûne ».
Dans les autres services d’urgences, des cas de complications médicales ont été observés, notamment chez les personnes atteintes de maladies chroniques comme le diabète ou les femmes enceintes. Le Pr Belhadj alerte : « Certains malades ajustent eux-mêmes les horaires de prise de leur traitement médical, alors que seul le médecin traitant est habilité à le faire. Cela n’est pas sans conséquences, avec des cas d’AVC, de coma diabétique et même de décès suite à de graves complications. »
Le CHU Mustapha veille à « une coordination quotidienne entre tous les services pour une meilleure prise en charge des citoyens ». De nouveaux services ont été inaugurés, notamment en « obstétrique, radiologie et urgences chirurgicales » afin d’optimiser cette prise en charge. Toutefois, le Pr Belhadj lance un appel pour faciliter le travail des professionnels de la santé : « Nous demandons à nos concitoyens de nous aider en respectant le personnel médical et paramédical ainsi que les temps d’attente, car cela constitue aussi un motif de violence ». Il conclut que « d’une manière générale, tous les indicateurs sont à la baisse, hormis les accidents de la circulation, comparé à l’année dernière à la même période ».
Hassina Amrouni