Cesser de fumer, réduire l’alcool, bouger davantage, manger mieux. Ces gestes simples, à la portée de chacun, pourraient sauver des millions de vies. Dans un document récemment publié, l’Organisation mondiale de la santé (OMS) tire une nouvelle fois la sonnette d’alarme : les maladies chroniques – cardiovasculaires, cancers, diabète, affections respiratoires ou mentales – tuent massivement, alors qu’elles pourraient, pour une grande part, être évitées.
La première cause de mortalité dans le monde est aujourd’hui silencieuse, progressive, et souvent liée à des habitudes de vie délétères ancrées dans le quotidien. À commencer par le tabac. Chaque cigarette empoisonne le corps avec plus de 7 000 substances chimiques, dont des dizaines sont cancérigènes. C’est une addiction coûteuse, non seulement pour l’individu mais pour l’ensemble du système de santé. L’OMS recommande d’en finir totalement avec toutes les formes de tabac et de nicotine, y compris les produits chauffés et à mâcher.
Autre fléau banalisé : l’alcool. Contrairement à ce que suggèrent certaines idées reçues, aucune quantité n’est inoffensive. Même une consommation modérée augmente les risques de développer des maladies graves, dont plusieurs formes de cancer. Le message de l’OMS est sans équivoque : moins on boit, mieux on se porte.
Le constat est le même pour l’alimentation. Trop de sucre, trop de sel, pas assez de variété : l’assiette est devenue un terrain miné. À rebours des régimes ultra-transformés, l’organisation prône une alimentation équilibrée, fondée sur la diversité des groupes alimentaires, pauvre en sel et en sucre ajouté. L’éducation nutritionnelle commence dès la naissance, avec l’allaitement exclusif pendant six mois, puis une alimentation complémentaire saine et adaptée.
Mais l’un des risques les plus sous-estimés reste la sédentarité. Passer ses journées assis, chez soi, à l’école ou au bureau, multiplie les risques de maladies chroniques. L’OMS rappelle que l’activité physique ne doit pas être réservée aux athlètes. À chaque âge ses recommandations : jeux actifs pour les tout-petits, au moins une heure d’exercice quotidien pour les enfants, 150 à 300 minutes d’activité modérée par semaine pour les adultes, avec du renforcement musculaire régulier. Chez les personnes âgées, des exercices d’équilibre permettent aussi de prévenir les chutes, fréquentes et redoutables.
Ces efforts individuels n’ont de sens que s’ils sont soutenus par des environnements qui les facilitent. L’OMS plaide pour des villes pensées pour la marche, le vélo, l’accès à des aliments sains et abordables. Elle appelle les pouvoirs publics à encadrer la publicité, réguler les espaces numériques, éduquer dès le plus jeune âge, et investir résolument dans la prévention.
Ce que propose l’OMS n’est pas une réforme abstraite, mais une révolution douce du quotidien. Une invitation à réapprendre à vivre, à reprendre en main ce qui dépend encore de nous. Un appel, surtout, à faire de la santé un bien commun, protégé par des choix éclairés autant que par des politiques publiques cohérentes. Parce qu’au bout du compte, les gestes les plus simples sont parfois les plus puissants.
Tinhinane B
