Et si l’avenir du diagnostic de la maladie de Parkinson se jouait dans un simple geste du quotidien : écrire à la main ? Grâce aux avancées spectaculaires de l’intelligence artificielle, ce qui relevait hier de la science-fiction devient aujourd’hui une piste sérieuse pour détecter la maladie bien avant l’apparition des premiers symptômes visibles.
Des chercheurs du monde entier, notamment en Australie, en Pologne et en Chine, développent des outils capables d’analyser la manière dont une personne trace une spirale, écrit une phrase ou signe son nom. Le principe est simple : un stylet numérique connecté à une tablette enregistre les mouvements, la pression exercée, les hésitations, les tremblements imperceptibles. Ces données sont ensuite traitées par des réseaux neuronaux capables de repérer les anomalies motrices précoces, souvent invisibles à l’œil nu.
À Melbourne, l’équipe de la RMIT University a mis au point un test dans lequel l’utilisateur trace une spirale. L’intelligence artificielle analyse alors la qualité du trait, les infimes variations de trajectoire ou les microsecousses de la main. Le résultat est bluffant : le système parvient à identifier des signes précoces de la maladie avec une précision de 93 %, y compris chez des patients qui ne présentent encore aucun symptôme moteur.
D’autres équipes vont encore plus loin. Une étude récemment publiée sur la plateforme ResearchGate présente une approche personnalisée : chaque patient se voit attribuer un modèle d’IA « entraîné » sur ses propres données, rendant le diagnostic encore plus fin. En Chine, des chercheurs ont atteint des scores de précision supérieurs à 96 % en combinant différentes architectures d’IA, comme les réseaux neuronaux récurrents et convolutionnels. En Europe, le projet NeuroDiag propose une solution légère et accessible à distance, via des tests d’écriture analysés sur le cloud, avec des résultats déjà très prometteurs.
L’intérêt de ces outils ne se limite pas à leur précision. Ils sont rapides, peu coûteux, non invasifs, et pourraient être utilisés aussi bien en cabinet de médecine générale qu’en téléconsultation. Dans un contexte où le diagnostic de la maladie de Parkinson intervient souvent tardivement, ces innovations pourraient changer la donne. Car plus la maladie est détectée tôt, plus les chances d’en ralentir l’évolution ou d’anticiper les traitements sont grandes.
Reste à valider ces dispositifs à grande échelle, à les tester sur des populations plus variées, et à s’assurer qu’ils ne confondent pas Parkinson avec d’autres troubles neurologiques. Mais une chose est certaine : avec un simple stylo et une spirale, l’intelligence artificielle pourrait bien offrir à la neurologie un outil révolutionnaire. Et redonner espoir à des millions de patients dans le monde.
AXYL Belabbas