Une découverte révolutionnaire sur le cancer du cerveau : les “hubs 3D” qui contrôlent les gènes tueurs

Des scientifiques lèvent le voile sur l’organisation secrète du génome dans les cellules tumorales du glioblastome, le cancer du cerveau le plus redoutable.

Le glioblastome est l’un des cancers les plus agressifs et les plus difficiles à traiter. Mais une étude récente, publiée dans la prestigieuse revue Molecular Cell, apporte un éclairage totalement nouveau sur le fonctionnement de cette tumeur cérébrale. Des chercheurs y révèlent que le génome des cellules cancéreuses s’organise en véritables “hubs” tridimensionnels – des sortes de centres de commandement – qui orchestrent l’activation simultanée de plusieurs gènes responsables de la croissance du cancer.

Contrairement à l’idée classique d’un ADN comme une simple pelote linéaire, cette étude montre que certaines régions du génome s’agencent en structures 3D très sophistiquées. Dans ces “hubs régulateurs”, plusieurs zones d’activation génétique — appelées “enhancers” — viennent se connecter à plusieurs gènes à la fois, déclenchant une expression massive et coordonnée de gènes liés au cancer.

Parmi eux : des noms tristement célèbres comme MYC, EGFR ou encore JUN, bien connus pour leur rôle dans de nombreux cancers. Ce réseau génétique fonctionne un peu comme un orchestre parfaitement synchronisé, jouant une symphonie destructrice pour l’organisme.

L’équipe de chercheurs a également analysé les profils génétiques de patients atteints de glioblastome. Résultat : plus ces “hubs 3D” sont actifs, plus le pronostic du patient est sombre. Pire encore, certains patients diagnostiqués avec des tumeurs moins graves montraient déjà des signes de ces structures, suggérant qu’ils pourraient évoluer vers un glioblastome à un stade avancé.

Ce qui rend cette découverte particulièrement prometteuse, c’est que les scientifiques ont réussi à désactiver un de ces hubs en laboratoire grâce à une technique de précision inspirée du CRISPR. En bloquant une seule de ces structures, ils ont pu éteindre plusieurs gènes cancéreux en même temps et ralentir la progression de la tumeur.

C’est un peu comme si l’on faisait tomber le centre de commandement d’une armée ennemie, désorganisant d’un seul coup toutes ses unités.

Et ce n’est pas tout : ces “hubs” ont aussi été repérés dans d’autres cancers — du sein, du foie ou encore de la peau — ce qui laisse espérer que cette approche pourrait devenir une nouvelle arme universelle contre les tumeurs.

Autre surprise : ces structures ne sont pas dues à des mutations génétiques visibles, mais à une organisation fine de l’ADN dans l’espace. En clair, le cancer n’est pas seulement une question de gènes abîmés, mais aussi de la façon dont ces gènes s’organisent dans la cellule.

Nouhad Ourebzani

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