Une percée scientifique contre la salmonellose : des molécules synthétiques ciblent le cœur de la virulence bactérienne

Une équipe de chercheurs de l’université de Tübingen (Tübingen, Allemagne), dont l’algérien le Dr Abdelhakim Boudrioua, a identifié une piste prometteuse dans la lutte contre les infections à Salmonella. Dans une étude publiée dans Science Advances, les scientifiques annoncent la découverte d’un petit composé synthétique, baptisé C26, capable d’inhiber un régulateur central de la virulence de Salmonella enterica serovar Typhimurium, l’une des principales causes d’intoxications alimentaires graves dans le monde.
Contrairement aux antibiotiques classiques, cette nouvelle approche ne cherche pas à tuer la bactérie, mais à désactiver ses armes. Le composé C26 cible spécifiquement HilD, un facteur de transcription crucial qui orchestre l’expression des gènes responsables de l’invasion des cellules hôtes. En bloquant HilD, les chercheurs parviennent à désarmer la bactérie, notamment en inhibant son système de sécrétion de type III, véritable seringue moléculaire que Salmonella utilise pour injecter des toxines dans les cellules humaines. « Selon nos résultats, les inhibiteurs de HilD pourraient interrompre le processus infectieux à un stade précoce en ciblant spécifiquement Salmonella, sans perturber le microbiote intestinal bénéfique de l’hôte. » explique le Dr Abdelhakim Boudrioua, premier auteur de l’étude.
Cette stratégie dite « antivirulence » représente une rupture dans la manière d’aborder les infections bactériennes. Plutôt que d’éradiquer les agents pathogènes, il s’agit ici de neutraliser leur capacité à provoquer des maladies, limitant ainsi la pression sélective qui favorise l’émergence de résistances aux antibiotiques.
Les scientifiques ont également mis au point plusieurs analogues de C26, dotés d’une activité renforcée, qui pourraient à terme être développés en traitements ciblés, notamment chez les patients les plus vulnérables. Les résultats obtenus sur des modèles cellulaires sont prometteurs : les bactéries traitées perdent leur pouvoir invasif, y compris leur capacité à survivre au sein des macrophages – l’une des premières lignes de défense contre les agents pathogènes. Cette propriété pourrait s’avérer décisive en contexte clinique.
Si des essais précliniques restent à mener, cette avancée ouvre une nouvelle voie thérapeutique contre la salmonellose et, plus largement, contre les infections bactériennes multirésistantes. Elle confirme l’intérêt croissant pour les stratégies alternatives aux antibiotiques, dans un contexte mondial marqué par la recrudescence des résistances antimicrobiennes.

Amina Azoune

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