Alors que le COVID-19 semble avoir perdu de son pouvoir de nuisance aux yeux du grand public, grâce à la vaccination de masse et à l’immunité collective, le virus continue de muter en silence. Les scientifiques redoutent toujours l’apparition d’un variant plus contagieux et potentiellement plus dangereux. Pourtant, une lueur d’espoir se profile à l’horizon : des chercheurs de l’Université de Yale et d’autres institutions ont identifié une faiblesse du virus qui, malgré ses mutations, reste inchangée.
Le SARS-CoV-2, virus responsable du COVID-19, se sert de la protéine Spike pour s’accrocher aux récepteurs des cellules humaines, connus sous le nom d’ACE2, selon une étude publiée le 15 août dans la revue *Science*. Cette protéine joue un rôle crucial dans l’infection : « Pour qu’une infection se produise, la protéine Spike doit sauter et saisir une cellule humaine », explique Paul Whitford, professeur associé de physique à la Northeastern University, qui a dirigé les aspects théoriques de l’étude, comme l’a rapporté *MedicalExpress*.
La protéine Spike, souvent représentée sous la forme d’un pic, fonctionne en réalité comme une paire de ciseaux, divisée en deux fragments : S1 et S2. Le fragment S1 permet au virus de s’ancrer à la cellule, tandis que S2 ouvre la cellule pour permettre au virus d’y pénétrer. Jusqu’à récemment, ce mécanisme était difficile à observer avec précision. Cependant, grâce à la cryo-tomographie électronique, les chercheurs ont pu visualiser en 3D ces minuscules structures, offrant ainsi de nouvelles perspectives sur la manière dont le virus envahit les cellules humaines.
Cette avancée technologique pourrait marquer un tournant dans la lutte contre le COVID-19. « Alors que les vaccins actuels tentent de bloquer les bras, nos résultats montrent comment lier les jambes à la place, nous donnant ainsi une nouvelle arme dans la lutte contre ce virus en constante évolution », explique Whitford. En effet, contrairement à S1, le fragment S2 de la protéine Spike est moins susceptible de muter, ce qui en fait une cible de choix pour le développement d’un vaccin universel.
Jusqu’à présent, les vaccins ont dû être continuellement ajustés pour faire face aux nouveaux variants du virus. Mais cette nouvelle étude révèle qu’un anticorps particulier pourrait neutraliser le pouvoir infectieux du virus, même en cas de mutation. Les chercheurs ont mis en lumière le rôle des « anticorps neutralisants du pan-bétacoronavirus » qui, en se liant à S2, bloquent les étapes intermédiaires nécessaires à l’infection, empêchant ainsi le virus de pénétrer dans les cellules humaines.
Saul Gonzalez, directeur de la division physique de la National Science Foundation des États-Unis, a salué cette découverte comme « un pas en avant dans la lutte contre le COVID-19 et d’autres coronavirus qui pourraient apparaître à l’avenir ». Cette avancée pourrait bien ouvrir la voie à un vaccin plus efficace, capable de protéger contre une vaste gamme de variants du SARS-CoV-2, offrant ainsi une nouvelle stratégie dans la lutte contre ce virus insaisissable.
Nouhad Ourebzani