Abdelkader Mahammedi, une intelligence algérienne à l’avant-garde de la neuroradiologie mondiale

C’est une distinction qui dépasse la simple reconnaissance académique. Le professeur Abdelkader Mahammedi, neuroradiologue d’origine algérienne et enseignant-chercheur à la prestigieuse Université Stanford, vient d’être désigné l’un des quatre lauréats du très sélectif Foundation Grant Program 2025 de l’American Society of Neuroradiology (ASNR). Une bourse de 120 000 dollars vient saluer ses travaux novateurs sur l’imagerie des microvaisseaux cérébraux, un domaine à la croisée de la technologie de pointe et des grandes pathologies neurovasculaires contemporaines.

Son projet de recherche, centré sur l’utilisation de l’IRM par marquage spin-artériel (Arterial Spin Labeling – ASL), ambitionne de mieux comprendre les mécanismes de perfusion cérébrale et le rôle du système glymphatique – un système de drainage encore peu exploré du cerveau. C’est là, dans ces zones invisibles au regard clinique conventionnel, que se nichent peut-être les prémices silencieuses de maladies aussi redoutées que la démence vasculaire ou certaines formes d’AVC.

Né en Algérie, formé à la Faculté de médecine d’Alger avant de poursuivre un parcours de spécialisation remarquable entre Johns Hopkins University et la Cleveland Clinic, le Pr Mahammedi incarne une forme rare d’excellence scientifique transnationale. Aujourd’hui, à Stanford, il conjugue engagement clinique, enseignement et recherche avancée, publiant régulièrement dans les meilleures revues du domaine et dirigeant des projets collaboratifs d’envergure.

Durant la pandémie de COVID-19, il avait notamment été l’un des premiers à documenter les atteintes neurologiques associées au virus, mettant à profit les outils d’imagerie pour éclairer de nouveaux mécanismes pathologiques. Ce sens de l’intuition scientifique, allié à une rigueur méthodologique exemplaire, caractérise un chercheur en avance sur son temps.

Cette récompense ne célèbre pas seulement une réussite individuelle. Elle met en lumière un parcours algérien d’excellence qui, sans renier ses racines, inscrit sa trace dans les plus hautes sphères de la recherche médicale mondiale. Dans un contexte où la fuite des cerveaux est trop souvent vécue comme une perte, Abdelkader Mahammedi incarne une autre dynamique : celle de la diaspora active, contributive, et porteuse d’espoir pour les nouvelles générations scientifiques d’Algérie et d’Afrique.

« La reconnaissance internationale n’efface pas l’origine, elle la prolonge », pourrait-on résumer à travers son itinéraire. À travers ses travaux, le professeur Mahammedi ouvre une brèche précieuse dans la compréhension des maladies neurologiques silencieuses — ces pathologies insidieuses qui échappent encore trop souvent à la détection précoce.

Ce Grant 2025, très disputé, donne à son équipe les moyens de pousser plus loin l’exploration de l’imagerie non invasive de la microcirculation cérébrale. Au-delà des prouesses technologiques, c’est une question de responsabilité médicale : comment anticiper sans surdiagnostiquer, détecter sans angoisser, comprendre sans déshumaniser ?

Là réside, sans doute, l’un des défis que ce chercheur algérien s’apprête à relever avec la même élégance que celle de son parcours. Entre précision scientifique et humilité clinique, Abdelkader Mahammedi rappelle qu’en médecine, la véritable innovation n’est pas seulement affaire de technique, mais d’attention portée à l’invisible.

Amina Azoune

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