Cancers gynécologiques : Mieux diagnostiquer pour préserver la vie et la fertilité

A l’occasion du 2e Congrès national des cancers gynécologiques, organisé sous l’égide de l’Association Scientifique de Gynécologie et Cancérologie (ASGC), des spécialistes de tout le pays se sont réunis pour partager leurs expériences et actualiser leurs connaissances sur la prise en charge des cancers gynécologiques, rares ou fréquents, mais toujours complexes.
En marge des travaux du congrès, le Pr Zahra Farah, également vice-présidente de l’ASGC, s’est exprimée au micro d’Esseha sur la dynamique de cette jeune association scientifique : « Je suis vice-présidente de cette jeune société très active. C’est notre deuxième congrès international et comme vous pouvez le voir, la participation est large, notamment parmi les jeunes médecins désireux de se former et de s’informer ».
Concernant son intervention lors d’une session consacrée à une pathologie rare mais grave, en l’occurrence les tumeurs trophoblastiques, elle a expliqué que : « ce sont des tumeurs rares, issues du tissu utérin, mais qui peuvent être graves, compliquées et parfois mettre en jeu la fertilité, voire la vie de la femme ».
Ces tumeurs peuvent toucher aussi bien les jeunes femmes que les plus âgées, et nécessitent parfois une hystérectomie ou une chimiothérapie. « L’objectif est de faire le point sur les dernières recommandations à travers cette formation continue », a-t-elle fait savoir. « Dans notre service, nous avons un centre de référence pour cette pathologie. Nous y accueillons de nombreuses patientes, en particulier es jeunes femmes », a-t-elle encore précisé.
Elle a également alerté sur une cause majeure de mortalité maternelle : « Je vais intervenir sur l’hémorragie post-partum, qui reste l’une des causes de mortalité chez les femmes, en Algérie comme ailleurs ». Et de conclure : « L’idée est de faire le point sur les produits disponibles en Algérie et les outils à notre disposition, en tant que professionnels de santé –gynécologues, sages-femmes–, pour préserver la vie et la fertilité des femmes ».
De son côté, le Pr Fadela Madaci, chef de service à la clinique Durando de Bab-el-Oued, a mis en lumière la spécificité du congrès de cette année : « Cette édition a mis l’accent sur des cancers gynécologiques rares, contrairement aux plus fréquent que sont ceux du sein et du col de l’utérus ». Elle a insisté sur le caractère insidieux de ces pathologies : « Ces cancers rares sont souvent silencieux au début. Ils se manifestent tardivement, à un stade avancé, et sont donc d’une gravité certaine ».
Revenant sur les thématiques traitées lors de ce congrès, le Pr Madaci a indiqué : « Nous avons abordé le cancer de l’ovaire, les sarcomes utérins – qui sont rares mais redoutables s’ils ne sont pas diagnostiqués à temps – et les cancers associés à la grossesse ».
Sur ces derniers, elle alerte sur une méconnaissance : « Les cancers de la grossesse sont très peu connus du grand public. Ils sont en rapport avec un antécédent de grossesse, que cette grossesse aboutisse à un accouchement ou qu’elle se solde par un avortement », précisant encore : « A chaque trouble du cycle, il faut penser à les avoir à l’esprit, faire un dosage sanguin et une échographie. Lorsqu’ils sont diagnostiqués, ils répondent généralement bien à la chimiothérapie. La femme peut guérir et même concevoir à nouveau ».
Enfin, elle a tenu à rappeler que la prise en charge des cancers gynécologiques repose sur un travail d’équipe : « Ce n’est pas l’affaire d’une seule spécialité. Le gynécologue est souvent en première ligne, mais il travaille avec les chirurgiens oncologues, les radiothérapeutes, oncologues, anatomo-pathologistes, radiologues…Tous doivent collaborer pour offrir une prise en charge optimale ».
La forte affluence au congrès témoigne de l’intérêt des professionnels pour cette pathologie : « Les congrès sur le cancer gynécologique sont encore rares. Comme le cancer est un problème de santé publique, les médecins se déplacent de tout le pays pour y assister ».
Et pour renforcer les compétences locales, l’association fait appel à l’expertise internationale. « Pour renforcer la formation, nous invitons des experts étrangers. Leur expérience est précieuse. Il est essentiel d’apprendre d’eux, car en médecine, on n’a jamais fini d’apprendre », a conclu le Pr Madaci.
Hassina Amrouni

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