Dans une étude d’une ampleur inédite, menée en Chine auprès de plus de deux millions de femmes, des chercheurs alertent sur la persistance des infections à papillomavirus humain à haut risque (HPV-HR) chez les femmes âgées, remettant en question les recommandations actuelles qui fixent à 65 ans la fin du dépistage systématique du cancer du col de l’utérus.
Publiée dans BMJ Open Cervical Cancer, l’étude a analysé les données de 2 152 766 femmes âgées de 35 à 86 ans, dans le cadre d’un vaste programme de dépistage réparti sur 28 régions chinoises. Les résultats révèlent une prévalence globale du HPV-HR de 10,2 %, avec une hausse notable au-delà de 65 ans : 11,2 % chez les femmes de 65 à 69 ans, et encore 10,3 % chez les 70 à 74 ans. Contrairement à l’idée selon laquelle le risque d’infection diminuerait avec l’âge, l’étude met en évidence une recrudescence tardive, inquiétante car silencieuse.
Ces données suggèrent que l’arrêt du dépistage à 65 ans pourrait laisser de nombreuses femmes exposées à un risque accru de développer un cancer invasif, en particulier celles qui n’ont jamais été testées ou dont le suivi a été irrégulier. Dans des pays comme la Chine, mais aussi dans de nombreuses régions du monde, le dépistage demeure lacunaire chez les générations les plus âgées, souvent éloignées du système de santé préventive.
Les auteurs appellent ainsi à repenser les stratégies nationales, en intégrant non seulement l’âge, mais aussi l’historique personnel de dépistage et les facteurs de risque. À l’heure où l’Organisation mondiale de la santé ambitionne d’éliminer le cancer du col de l’utérus comme problème de santé publique, cette étude souligne l’urgence d’un dépistage plus inclusif, plus long, et plus équitable.
Nouhad Ourebzani