Et si l’on pouvait enfin ralentir, voire stopper, la progression de la maladie de Parkinson ? C’est l’espoir que fait naître une équipe de chercheurs de l’université de Stanford, aux États-Unis. Dans une étude publiée cette semaine dans la prestigieuse revue Nature, les scientifiques annoncent avoir identifié une enzyme-clé impliquée dans la mort des cellules cérébrales, et dont l’inhibition pourrait protéger les neurones contre les ravages de la maladie.
La cible s’appelle PAK1. Derrière ce nom technique se cache un mécanisme biologique aussi redoutable que précis : lorsque cette enzyme s’active, elle déclenche un processus de dégénérescence qui conduit à la disparition progressive des neurones dopaminergiques, responsables du contrôle des mouvements. C’est précisément cette perte cellulaire qui provoque les symptômes de Parkinson : tremblements, raideurs musculaires, lenteur des gestes.
En parvenant à bloquer cette enzyme chez des modèles animaux, les chercheurs ont observé un résultat spectaculaire : les neurones survivent, et les fonctions motrices sont préservées. « Nous avons identifié un levier central du processus de destruction cellulaire. En agissant à ce niveau, on pourrait intervenir bien en amont, avant que les dégâts ne soient irréversibles », explique la Dre Xinnan Wang, neurologue à Stanford et autrice principale de l’étude.
Contrairement aux traitements actuels, qui visent essentiellement à soulager les symptômes en compensant la baisse de dopamine, cette nouvelle approche vise à préserver les cellules elles-mêmes. Une véritable révolution dans le champ des maladies neurodégénératives, où l’on cherche depuis des décennies à comprendre comment enrayer la dégénérescence plutôt que d’en réparer les conséquences.
Les essais réalisés sur des modèles murins ont montré une nette amélioration de la motricité et une diminution du stress cellulaire. Mais la prudence reste de mise : les résultats doivent encore être confirmés chez l’humain. La mise au point d’un médicament ciblant spécifiquement cette enzyme demandera plusieurs années de recherche et de validation.
Il n’empêche. Cette découverte ouvre une voie inédite dans la lutte contre Parkinson, une maladie qui touche plus de 10 millions de personnes à travers le monde et dont l’incidence ne cesse d’augmenter avec le vieillissement de la population.
Pour les patients et leurs proches, c’est peut-être le signe que la science est en train de franchir un cap. Celui où, au lieu d’attendre l’inéluctable, on commence à imaginer une stratégie pour le prévenir. Et redonner, enfin, un peu d’avance aux neurones sur la maladie.
Ouiza Lataman