Une étude récente publiée dans BMC Medicine suggère que votre consommation quotidienne de sucre pourrait avoir un impact significatif sur le risque de développer une démence. Cette recherche, qui a analysé les données de 210 000 Britanniques issues des cohortes de la biobanque britannique, met en lumière une possible corrélation entre une alimentation riche en sucre et une augmentation du risque de maladies neurodégénératives, notamment la démence et la maladie d’Alzheimer.
Le professeur Geir Selbæk, de l’Université d’Oslo et directeur de recherche au Centre national pour le vieillissement et la santé, souligne l’importance de cette étude. Il indique que, bien que peu d’études aient jusqu’à présent exploré le lien entre la consommation de sucre et la démence, celle-ci apporte des éléments intéressants en démontrant que le sucre pourrait affecter ce risque. Selbæk note également que les chercheurs ont pu ajuster leurs analyses en fonction d’autres facteurs de risque comme l’indice de masse corporelle (IMC), le diabète et l’hypertension artérielle.
Les conclusions de l’étude sont préoccupantes : une consommation accrue de sucre est associée à un risque plus élevé de démence. Plus précisément, pour chaque gramme supplémentaire de sucre consommé quotidiennement, le risque de démence augmenterait de 0,3 %. Cette corrélation est encore plus marquée lorsqu’on considère le pourcentage de l’apport énergétique total : une augmentation de 1 % de cet apport est liée à une augmentation de 31,7 % du risque de démence.
Bien que ces résultats ne soient pas totalement surprenants, étant donné que la consommation élevée de sucre est déjà liée à des facteurs de risque connus de démence tels que l’obésité, l’hypertension et le diabète, ils doivent être interprétés avec prudence. Selbæk rappelle que, bien que la biobanque britannique permette des études de grande envergure, les participants inclus ne sont pas nécessairement représentatifs de l’ensemble de la population.
Membre de la Commission mondiale Lancet, qui en 2020 a identifié douze facteurs de risque de démence, Selbæk mentionne que le récent rapport de la commission a ajouté deux autres facteurs : un taux de cholestérol élevé et une perte de vision. Toutefois, lors de la dernière réunion de la commission, l’alimentation n’a pas été incluse parmi les quatorze facteurs de risque retenus, en raison du manque de preuves solides. Cependant, les conseils diététiques actuels, souvent destinés à protéger le système cardiovasculaire, pourraient aussi contribuer à réduire le risque de démence.
Tine Mejlbo Sundfør, nutritionniste clinicienne et docteure en nutrition, ajoute une perspective intéressante. Selon elle, les effets négatifs du sucre pourraient être en partie dus au fait que consommer trop de sucre laisse moins de place pour d’autres aliments bénéfiques, comme les fruits, les légumes, les noix et les acides gras sains présents dans le poisson. Sundfør explique que les recherches montrent de plus en plus que ce qui est bon pour le cœur l’est aussi pour le cerveau.
En conclusion, bien qu’une consommation modérée de sucre ne semble pas avoir d’effet négatif direct sur la démence, les preuves s’accumulent en faveur d’une réduction des sucres ajoutés, notamment ceux présents dans les sucreries et les boissons gazeuses. Une alimentation riche en fruits, légumes, poisson et acides gras sains reste le meilleur allié pour protéger à la fois le cœur et le cerveau.
Nouhad Ourebzani