Dans une quête de minceur et de développement musculaire, de nombreuses personnes se tournent vers un régime alimentaire riche en protéines. Pour beaucoup, cela se traduit par une consommation accrue de lait, de fromage, d’œufs et de viande. Mais est-ce vraiment aussi sain qu’on le pense ?
Les régimes qui privilégient une forte consommation de protéines, associés à une multiplication des produits alimentaires enrichis en protéines, incitent à une surconsommation de ces nutriments. Selon l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS), dans les pays occidentaux, l’apport en protéines dépasse souvent largement la dose journalière recommandée, qui est de 11 % des calories totales. Cette surconsommation peut rapidement devenir néfaste pour la santé.
Il n’est plus un secret que les régimes riches en produits d’origine animale peuvent favoriser les maladies cardiovasculaires. Cependant, de récentes études montrent que ce n’est plus seulement le gras ou le cholestérol qui sont pointés du doigt dans l’apparition de l’athérosclérose, mais également les protéines.
L’athérosclérose, caractérisée par le dépôt de cholestérol sur les parois des artères, entraîne un durcissement, un rétrécissement et une fragilité des vaisseaux sanguins. Ce processus peut provoquer des caillots, des crises cardiaques, voire des infarctus. Une alimentation déséquilibrée peut accélérer ce processus, surtout si elle est riche en protéines d’origine animale.
Une étude récente de l’Université de Pittsburgh, dirigée par Xiangyu Zhang, apporte des preuves supplémentaires sur le rôle de ces protéines dans le développement de l’athérosclérose. Les chercheurs ont mené des tests sur des humains, des souris et des macrophages (des cellules immunitaires) pour analyser l’effet d’une alimentation riche en protéines.
Dans une première expérience, 14 participants en surpoids mais en bonne santé générale ont consommé un shake riche en protéines (50 % de protéines pour 500 kilocalories) après 12 heures de jeûne. Lors d’une autre session, ils ont consommé un shake avec seulement 10 % de protéines pour le même apport calorique. Dans un second test, neuf autres participants ont consommé deux petits repas de 450 kcal, dont l’un contenait 15 % et l’autre 22 % de protéines.
Les résultats ont montré qu’à partir d’une consommation de 25 grammes de protéines, la concentration de certaines acides aminés, telles que la leucine, augmentait considérablement dans le sang. La leucine, particulièrement présente dans les protéines animales comme la viande, les œufs et le lait, est également un complément alimentaire populaire chez les culturistes. Des études antérieures avaient déjà suggéré que la leucine pouvait influencer les cellules immunitaires, favorisant ainsi la fixation du cholestérol dans les artères.
Les recherches de Zhang et son équipe ont confirmé que les régimes riches en protéines, surtout ceux avec une forte teneur en leucine, pourraient perturber le système immunitaire et accélérer l’athérosclérose. Lors d’expériences sur des souris nourries avec un régime de type occidental contenant plus de 22 % de protéines, les résultats ont montré qu’au bout de huit semaines, les mâles développaient de l’athérosclérose.
Le professeur Babak Razani, coauteur de l’étude, souligne que « notre étude montre que l’augmentation de l’apport en protéines dans le but d’améliorer la santé métabolique et de développer la masse musculaire n’est pas une panacée. Cela pourrait causer des dommages réels à vos artères. » Il appelle à une approche plus équilibrée de l’alimentation, qui tienne compte des risques cardiovasculaires, en particulier chez les personnes déjà à risque.
Toutefois, les chercheurs ne cherchent pas à diaboliser les aliments riches en protéines. Ils appellent plutôt à des recherches supplémentaires pour déterminer à quel point les protéines peuvent être nuisibles. En attendant, il est conseillé de maintenir un apport en protéines entre 15 et 22 % des calories totales, en privilégiant les sources végétales faibles en leucine par rapport aux sources animales.
Nouhad Ourebzani