Une récente étude menée par Kelsey R. Sewell de l’Advent Health Research Institute à Orlando a mis en lumière les effets potentiels de la consommation de café sur le déclin cognitif, en particulier sur l’intelligence fluide. L’intelligence fluide désigne la capacité de penser de manière abstraite, de résoudre des problèmes et de reconnaître des schémas complexes. Cette étude, qui a analysé des données provenant de plus de 8 400 adultes de plus de 60 ans, suggère que boire trop de café pourrait augmenter le risque de déclin cognitif et, potentiellement, de démence.
Un lien entre le café et le déclin de l’intelligence fluide
Selon les résultats publiés, les personnes qui consommaient plus de trois tasses de café par jour présentaient une plus grande diminution de leur intelligence fluide au fil du temps. Sewell a déclaré : « Nous constatons que les personnes ayant une forte consommation de café montrent la plus forte baisse de leur intelligence fluide au cours de la période de suivi. Ceci est comparé aux personnes ayant une consommation modérée ou inexistante de café. »
Cependant, les chercheurs ont également remarqué qu’une consommation modérée de café – environ une à trois tasses par jour – pourrait agir comme un facteur de protection contre le déclin cognitif. Cela pourrait indiquer qu’il existe un seuil au-delà duquel la consommation de café cesse d’être bénéfique pour le cerveau.
Combien de café est trop ?
La question de la quantité idéale de café reste cruciale. Sewell explique : « C’est une question d’équilibre. Une consommation modérée de café est acceptable, mais une trop grande quantité n’est probablement pas recommandée. » Selon l’étude, boire plus de trois tasses de café par jour pourrait avoir des effets négatifs sur le long terme, tandis qu’une consommation modérée pourrait même avoir des avantages cognitifs.
Les participants de cette étude, provenant principalement de la UK Biobank, ont été observés sur une période moyenne de 8,83 ans. Bien que les chercheurs aient inclus divers facteurs dans leur analyse, comme l’âge, le sexe, l’origine ethnique et le statut socio-économique, les résultats suggèrent que les buveurs de café excessifs pourraient voir leur intelligence fluide décliner plus rapidement que les non-buveurs ou les consommateurs modérés.
Le café et la démence : un risque à ne pas sous-estimer
L’une des découvertes les plus préoccupantes de cette recherche est l’augmentation potentielle du risque de démence chez les gros consommateurs de café. Bien que la consommation modérée semble être bénéfique, boire quatre tasses ou plus par jour pourrait aggraver le déclin cognitif et augmenter le risque de maladies neurodégénératives comme la démence et Alzheimer.
Cela rejoint les préoccupations soulevées par l’Organisation mondiale de la santé (OMS) et d’autres organismes de santé publique qui, dans la foulée de la pandémie de COVID-19, ont mis en garde contre l’impact des modes de vie modernes, y compris l’augmentation des habitudes de consommation de café, sur la santé mentale et cognitive.
D’autres facteurs à prendre en compte
L’étude de Sewell n’est pas la première à établir un lien entre la consommation de café et la santé cognitive. Toutefois, elle s’ajoute à un corpus croissant de recherches qui cherchent à comprendre comment des habitudes alimentaires courantes peuvent influencer la fonction cérébrale à long terme. Il est important de noter que les effets du café peuvent varier en fonction d’autres facteurs tels que l’âge, le sexe et même le statut génétique.
Les grains de café contiennent des composés bioactifs, tels que la caféine et l’acide chlorogénique, qui peuvent avoir des effets bénéfiques sur certains aspects de la santé, comme la réduction des risques d’accident vasculaire cérébral, de maladie cardiaque, de cancer et même de Parkinson. Cependant, la question reste de savoir dans quelle mesure ces composés peuvent nuire ou aider le cerveau lorsqu’ils sont consommés en excès.
Qu’en est-il du thé ?
L’étude a également pris en compte la consommation de thé. Bien que les résultats montrent que les buveurs de thé présentaient une plus forte diminution de leur intelligence fluide par rapport à ceux qui ne consommaient pas de thé, ces résultats sont à prendre avec précaution, car les données sur les quantités de thé consommées n’étaient pas aussi précises que celles sur le café.
Vers une meilleure gestion des risques cognitifs
Les résultats de cette étude fournissent des pistes importantes pour la prévention des maladies neurodégénératives comme la démence. Sewell conclut : « Maintenant qu’il existe des preuves solides d’une association entre la consommation excessive de café et le déclin cognitif, il est essentiel d’identifier les sources de cette consommation et de mettre en place des stratégies pour prévenir ou gérer la solitude et soutenir la santé cognitive des adultes vieillissants. »
En fin de compte, cette étude montre qu’il est essentiel de surveiller sa consommation de café et de comprendre les implications potentielles sur la santé cognitive à long terme. Tandis que de nouvelles recherches sont nécessaires pour affiner ces conclusions, les résultats actuels devraient inciter à une consommation modérée de café pour éviter tout risque potentiel de déclin cognitif.
Nouhad Ourebzani