La tuberculose : un fléau toujours d’actualité

Entretien avec le Dr Aboubakr Djenfi, Maître Assistant en Pneumologie au CHU de Tlemcen

Entretien réalisé par Amina Azoune

Souvent perçue comme une maladie du passé, la tuberculose demeure pourtant une menace majeure pour la santé publique. Elle continue d’affecter des millions de personnes chaque année à travers le monde, avec des taux de mortalité élevés et des défis persistants liés à son traitement.

La progression de la maladie est favorisée par plusieurs facteurs, notamment la précarité, la malnutrition et l’émergence de souches résistantes aux traitements conventionnels. De plus, malgré l’existence du vaccin BCG, celui-ci ne confère pas une protection absolue, en particulier chez l’adulte.

Dans ce contexte, il est essentiel de renforcer la sensibilisation sur les modes de transmission et les moyens de prévention. L’engagement des professionnels de santé et la mobilisation collective sont indispensables pour limiter sa propagation et assurer une meilleure prise en charge des patients.

Le Dr Aboubakr Djenfi, Maître Assistant en Pneumologie au CHU de Tlemcen, revient sur les défis posés par cette maladie et les stratégies à adopter pour la combattre efficacement.

Esseha : Pourquoi la tuberculose reste-t-elle une maladie préoccupante aujourd’hui, alors qu’elle est souvent perçue comme une maladie du passé ?

Dr Aboubakr Djenfi : La tuberculose est encore une menace majeure en raison de sa forte prévalence mondiale et du nombre élevé de décès qu’elle entraîne chaque année. L’émergence de souches résistantes complique les traitements, les rendant plus longs, coûteux et parfois moins efficaces. Des facteurs aggravants, comme la précarité, la malnutrition et la promiscuité, favorisent sa transmission, tandis que les personnes immunodéprimées sont particulièrement vulnérables. De plus, le vaccin BCG, bien qu’efficace contre les formes graves chez l’enfant, ne protège pas suffisamment l’adulte. Il est donc crucial de sensibiliser à l’importance du dépistage précoce et d’une prise en charge adaptée.

Esseha : Quels sont les gestes simples que chacun peut adopter pour limiter la transmission de la tuberculose ?

Dr Aboubakr Djenfi : La prévention repose avant tout sur des mesures d’hygiène et des comportements responsables. Le port du masque pour les personnes atteintes, une bonne hygiène respiratoire et l’aération des espaces clos réduisent considérablement les risques de transmission. Un dépistage précoce est également essentiel pour initier rapidement un traitement et limiter la propagation de la maladie. Enfin, la vaccination des nourrissons et le suivi rigoureux des traitements chez les patients diagnostiqués sont des éléments clés de la lutte contre la tuberculose.

Esseha : Quels sont les mythes et idées fausses les plus répandus sur la tuberculose, et comment peut-on y répondre ?

Dr Aboubakr Djenfi : Plusieurs idées reçues persistent et contribuent à la mauvaise compréhension de la maladie. Beaucoup pensent qu’elle a disparu, alors qu’elle touche encore des millions de personnes chaque année. D’autres croient qu’elle est exclusivement liée à la pauvreté, alors qu’elle peut concerner tout le monde en cas de contact prolongé avec une personne infectée. Certains imaginent qu’elle est toujours mortelle, alors qu’un traitement bien suivi permet de guérir dans la majorité des cas. Il est donc primordial d’informer et d’éduquer la population sur les véritables modes de transmission, les symptômes et l’importance du dépistage et du traitement.

Esseha : Comment peut-on encourager les personnes atteintes à suivre correctement leur traitement pour éviter les complications et les résistances ?

Dr Aboubakr Djenfi : Une prise en charge efficace repose sur un suivi médical rigoureux et un accompagnement adapté. L’éducation des patients sur l’importance d’un traitement suivi jusqu’au bout est essentielle, d’autant plus qu’il peut durer de six à douze mois. La supervision de la prise des médicaments par des professionnels de santé améliore l’adhésion, notamment en cas de tuberculose résistante. Le soutien social et financier, incluant la gratuité des traitements, joue également un rôle crucial pour éviter l’abandon. Sensibiliser l’entourage du patient permet aussi de créer un environnement favorable au bon déroulement du traitement.

Esseha : Quel message adresseriez-vous aux jeunes générations pour qu’elles prennent conscience de l’importance de la prévention contre la tuberculose ?

Dr Aboubakr Djenfi : La tuberculose reste un problème de santé publique et chacun a un rôle à jouer dans sa prévention. L’adoption de gestes simples comme l’aération des espaces, le port du masque en cas de toux persistante et le respect des règles d’hygiène contribue à limiter la transmission. Il est aussi important de consulter dès l’apparition de symptômes suspects pour un dépistage précoce. La tuberculose est guérissable, mais elle nécessite une prise en charge sérieuse et un engagement collectif pour être éradiquée. L’information et la sensibilisation sont nos meilleures armes contre cette maladie.

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