Entretien réalisé par Amina Azoune
Malgré les avancées médicales, la tuberculose reste un problème de santé publique majeur. En Algérie, les efforts de lutte contre cette maladie ont permis une nette amélioration de la prise en charge, mais des défis persistent, notamment avec l’émergence de souches résistantes. Le Pr Rachid Abdelaziz, pneumologue au CHU Mustapha, secrétaire général de la SAAIC (Société algérienne d’allergologie et d’immunologie clinique), vice-président centre de la SAPHYRES (Société algérienne de physiologie et d’exploration fonctionnelle respiratoire) et vice-président centre de la SABPI (Société algérienne de bronchologie et d’endoscopie interventionnelle), nous éclaire sur les symptômes, la prévention et les avancées scientifiques dans la lutte contre la tuberculose.
Esseha : Quels sont les premiers signes de la tuberculose et à quel moment faut-il consulter un médecin ?
Pr Rachid Abdelaziz : Les premiers signes de la tuberculose pulmonaire incluent une fatigue persistante, une perte d’appétit, une fièvre modérée (37,5-38°C), un amaigrissement, une anémie et parfois une altération de l’état général. Des symptômes respiratoires peuvent apparaître, notamment une toux chronique persistante, d’abord sèche, puis accompagnée d’expectorations purulentes, parfois sanguinolentes. Dans certains cas, une dyspnée et des douleurs thoraciques peuvent être présentes. Lorsque ces signes durent plus de 15 jours et ne répondent pas aux traitements habituels, il est essentiel de consulter un médecin.
Les formes extrapulmonaires de la maladie peuvent se manifester différemment selon l’organe touché. Les patients immunodéprimés sont plus exposés à ces formes, ce qui nécessite une surveillance accrue.
Esseha : Quel rôle joue la nutrition et l’hygiène de vie dans la prévention et le rétablissement des patients atteints ?
Pr Rachid Abdelaziz : Une alimentation équilibrée est essentielle pour renforcer le système immunitaire et favoriser la guérison. Un apport suffisant en protéines, vitamines et minéraux permet de mieux lutter contre l’infection. L’hygiène de vie joue également un rôle crucial : une bonne aération des espaces de vie, l’évitement du tabac et une hygiène personnelle rigoureuse réduisent le risque de transmission et améliorent la prise en charge des patients.
Esseha : Comment les professionnels de santé sont-ils formés pour faire face aux nouvelles souches résistantes de la tuberculose ?
Pr Rachid Abdelaziz : La prise en charge des formes résistantes de la tuberculose est encadrée par des spécialistes en pneumophtisiologie, conformément aux recommandations du Programme National de Lutte contre la Tuberculose. Des protocoles rigoureux sont suivis pour garantir une approche thérapeutique adaptée, avec l’introduction de nouvelles molécules efficaces contre les souches multirésistantes.
Esseha : Quel est l’impact de la tuberculose sur le système de santé en termes de coût et de mobilisation des ressources ?
Pr Rachid Abdelaziz : La prise en charge de la tuberculose est totalement gratuite en Algérie, ce qui constitue un avantage majeur pour les patients. Toutefois, cela représente un coût considérable pour le système de santé et nécessite la mobilisation de nombreux professionnels, notamment dans les services de pneumophtisiologie et les centres de contrôle des maladies respiratoires.
Esseha : Y a-t-il de nouvelles avancées scientifiques ou des traitements prometteurs qui pourraient améliorer la lutte contre cette maladie ?
Pr Rachid Abdelaziz : Des progrès significatifs ont été réalisés dans le diagnostic et le traitement des formes résistantes de la tuberculose. De nouvelles molécules plus efficaces sont désormais disponibles, réduisant la durée du traitement et améliorant les chances de guérison. L’Algérie a toujours été un acteur majeur dans la lutte antituberculeuse en Afrique et dans le monde, avec un programme national qui a permis de faire reculer l’incidence de la maladie de manière significative.
