L’augmentation alarmante des cas de cancer chez les hommes d’ici 2050 : une crise mondiale imminente

Les prévisions sont inquiétantes : selon des experts australiens de la santé, le nombre de cas de cancer chez les hommes à travers le monde pourrait grimper de manière vertigineuse, passant de 10,3 millions en 2022 à 19 millions en 2050, soit une hausse de 84 %. Plus préoccupant encore, le nombre de décès dus au cancer parmi les hommes pourrait presque doubler, passant de 5,4 millions à 10,5 millions au cours de la même période, représentant une augmentation de 93 %. Ces chiffres mettent en lumière une crise sanitaire mondiale en pleine expansion.

Ces projections, publiées dans la revue scientifique *Cancer* de l’American Cancer Society, sont le fruit d’une analyse approfondie portant sur 30 types de cancers et s’appuyant sur des données démographiques provenant de 185 pays et territoires. Elles révèlent des tendances préoccupantes qui nécessitent une attention immédiate et une action globale pour prévenir une catastrophe sanitaire.

Les facteurs de risque : une combinaison de comportements et d’expositions

L’étude souligne que les hommes sont particulièrement vulnérables au cancer en raison de comportements à risque plus répandus que chez les femmes, tels que le tabagisme et la consommation excessive d’alcool. En outre, les hommes sont souvent plus exposés à des substances cancérigènes dans le cadre de leur travail, notamment dans les secteurs de l’industrie et de la construction, ce qui accroît leur risque de développer certains types de cancers.

Le manque de dépistage et de suivi médical régulier chez les hommes constitue un autre facteur aggravant. Contrairement aux femmes, qui sont davantage sensibilisées aux campagnes de dépistage (notamment pour le cancer du sein), les hommes sont moins enclins à consulter régulièrement pour des examens préventifs, ce qui conduit souvent à un diagnostic à un stade avancé de la maladie, limitant ainsi les chances de survie.

Les personnes âgées en première ligne de la crise

Les hommes âgés de 65 ans et plus sont les plus exposés à cette menace croissante. Le nombre de cas de cancer chez cette tranche d’âge devrait passer de 6 millions en 2022 à 13,1 millions en 2050, tandis que les décès pourraient grimper de 3,4 millions à 7,7 millions. Les chercheurs attribuent ces chiffres alarmants à plusieurs facteurs, notamment une moindre tolérance au traitement chez les personnes âgées, un diagnostic souvent tardif, et des obstacles financiers à l’accès aux soins de santé.

Des disparités économiques aggravant les inégalités de soins

En plus de l’âge, l’étude met en lumière les disparités croissantes en matière de résultats de santé entre les pays en fonction de leur statut économique. Dans les pays à faibles revenus, les infrastructures de santé sont souvent insuffisantes pour répondre aux besoins croissants de dépistage, de traitement et de soins palliatifs, ce qui aggrave la mortalité liée au cancer.

Le cancer du poumon reste l’un des fléaux les plus mortels, avec des projections indiquant une augmentation de plus de 87 % des cas et des décès d’ici 2050. Cette tendance est en grande partie alimentée par le tabagisme, qui continue de faire des ravages malgré les efforts mondiaux pour réduire le nombre de fumeurs, estimé à plus de 1,25 milliard en 2022.

Le cancer de la prostate et le cancer colorectal sont également identifiés comme des moteurs majeurs de cette épidémie de cancer chez les hommes. Les décès dus au cancer de la prostate pourraient augmenter de 136 % d’ici 2050, une hausse liée à l’augmentation de l’espérance de vie, qui permet au cancer de se développer sur de plus longues périodes.

Le mésothéliome et le cancer de la peau : des menaces émergentes

Parmi les types de cancer, le mésothéliome, une forme rare mais particulièrement agressive, devrait connaître l’augmentation la plus importante, avec une hausse de 105 % des cas d’ici 2050. Cette maladie est étroitement liée à l’exposition à l’amiante, dont l’impact reste largement sous-estimé, notamment chez les populations vieillissantes.

Le cancer de la peau est également en passe de devenir une cause majeure de décès, tandis que le cancer de la vessie devrait être plus répandu et plus mortel. Ces évolutions exigent une intensification des efforts de prévention, notamment en matière de protection solaire et de réduction des expositions à des substances nocives.

Un appel à l’action : améliorer le dépistage et les soins

Face à ces perspectives alarmantes, l’auteur principal de l’étude, Habtamu Mellie Bizuayehu, de l’Université du Queensland à Brisbane, en Australie, a lancé un appel urgent à l’amélioration du dépistage, du diagnostic et des options de traitement, en particulier pour les hommes âgés. Il a souligné l’importance de l’engagement des gouvernements et des institutions de santé pour développer des stratégies de prévention et de prise en charge plus efficaces.

Les experts s’accordent sur l’importance de mesures préventives pour réduire les risques de cancer : éviter le tabagisme, maintenir un poids sain, limiter la consommation d’alcool, privilégier une alimentation riche en fruits et légumes, réduire la consommation de viandes rouges et transformées, adopter un mode de vie actif, et se protéger adéquatement du soleil.

La lutte contre le cancer nécessite une mobilisation globale, non seulement pour améliorer les traitements, mais aussi pour promouvoir des modes de vie sains et une prévention efficace. Il en va de l’avenir de millions de vies à travers le monde.

Nouhad Ourbzani

Ce site utilise des cookies pour améliorer votre expérience. Nous supposerons que vous êtes d'accord avec cela, mais vous pouvez vous désinscrire si vous le souhaitez. Accept Read More