Silicose en Algérie : Une maladie évitable mais toujours présente

Lors de la Journée régionale Est de l’Association des Pneumologues Algériens Libéraux (APAL), tenue à Batna et consacrée aux maladies respiratoires liées au milieu professionnel, le Pr Rachida Djebaili, chef de service de pneumologie à l’EHS de Batna, a tiré la sonnette d’alarme sur une pathologie ancienne mais toujours d’actualité : la silicose.

La silicose : un fléau silencieux dans la région de K’sour

Dans son intervention, le Pr Djebaili a mis en lumière une problématique qui, depuis près de 15 ans, touche particulièrement les jeunes de la région de T’kout (localité qui relève de la wilaya de Batna). Ces jeunes exercent, pour la plupart, une activité artisanale liée à la taille de pierre, un métier ancestral mais hautement dangereux lorsqu’il est pratiqué sans protection adéquate.

La silicose, expliquée par le Pr Djebaili, est une maladie pulmonaire grave, causée par l’inhalation chronique de poussières de silice. « C’est une maladie insidieuse, qui ne se manifeste pas immédiatement », précise-t-elle. « Les premiers symptômes — toux, essoufflement — n’apparaissent généralement qu’après deux à cinq ans d’exposition. »

Une maladie sans traitement, mais évitable

Le diagnostic se fait souvent tardivement, lorsqu’un scanner thoracique ou une radiographie met en évidence les lésions typiques de la silicose. « Ce qui est dramatique, c’est que la silicose n’a pas de traitement curatif », regrette le Pr Djebaili. « En revanche, c’est une maladie largement évitable. Il suffit d’éviter l’exposition à la silice, notamment en interdisant ou en régulant strictement la taille de pierre sans protection. »

Des efforts de prévention qui portent leurs fruits… mais

Grâce aux campagnes de sensibilisation menées ces dernières années, le nombre de nouveaux cas a nettement diminué dans la région de T’kout. Cependant, « quelques cas persistent », déplore le Pr Djebaili. C’est la raison pour laquelle la thématique a été relancée avec force à l’occasion de cette journée scientifique.

L’appel aux jeunes : connaître les risques pour mieux se protéger

Le message principal du professeur Djebaïli a été à destination des jeunes : les risques liés à cette activité artisanale sont bien réels, souvent ignorés ou sous-estimés. « Les jeunes qui commencent ce métier ne sont pas toujours conscients des complications graves qui peuvent en découler. Il faut renforcer l’éducation sanitaire et les informer sur le danger de la silicose », insiste le Pr Djebaili.

Conclusion : un combat de santé publique toujours d’actualité

La silicose est l’exemple type d’une maladie professionnelle qui pourrait être éradiquée si des mesures strictes de prévention étaient appliquées. La sensibilisation, la formation, et le contrôle des pratiques artisanales doivent être au cœur des priorités sanitaires dans les régions concernées. L’intervention du Pr Djebaili rappelle que, malgré les progrès, la lutte contre la silicose n’est pas terminée, et que l’implication des pouvoirs publics comme de la société civile reste indispensable.

Nora S.

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