Lors du symposium organisé par Biogenal Pharma, à l’occasion de la journée régionale Sud de l’APAL, tenue à l’hôtel M’Zab à Ghardaïa, le Pr Houria Haouichat, pneumologue, a mis en lumière les défis liés à la détection et à la prise en charge de la BPCO.
« Nous avons eu à discuter de la détection des cas de BPCO, c’est-à-dire des cas qui ne sont pas diagnostiqués. Il faut savoir que dans les enquêtes en population générale, la prévalence en BPCO est d’environ 10 % au niveau mondial, mais plus de la moitié des cas ne sont pas diagnostiqués et donc ne sont pas traités. »
Elle a rappelé que la BPCO est un problème de santé publique majeur et a insisté sur la nécessité d’un diagnostic précoce : « à partir du moment où on considère que la BPCO est un problème de santé publique, il est important que le diagnostic soit fait le plus précocement possible. Il est donc essentiel d’aller détecter ces BPCO à un stade très précoce pour pouvoir les traiter et, en particulier, proposer à ces patients, généralement des personnes de plus de 40 ans et des fumeurs, des interventions efficaces. La première intervention, c’est le sevrage tabagique ».
Selon elle, cette détection précoce repose sur le rôle clé de la médecine générale :
« la détection précoce doit se faire logiquement en médecine générale, là où les patients ont l’habitude de consulter, que ce soit pour des symptômes respiratoires ou extra-respiratoires. Le médecin généraliste doit, par conséquent, être formé pour détecter ces cas et les envoyer ensuite pour une spirométrie chez le pneumologue, afin qu’ils soient suivis et pris en charge ».
Le Pr Haouichat a également souligné l’importance d’outils simples et pratiques pour cette détection : « il faut d’abord réhabiliter le DEP (débit expiratoire de pointe) en milieu de soins de santé primaires. Le DEP permet, chez les patients, notamment fumeurs, qui présentent des symptômes, de détecter d’éventuelles BPCO. Cela ne fait pas le diagnostic, mais c’est un outil de détection qui permet ensuite d’envoyer le patient pour une spirométrie. On peut aussi utiliser des questionnaires validés à travers le monde, associés à la mesure du DEP. Ce sont des outils très faciles à mettre en œuvre et qui peuvent apporter un bénéfice réel au patient, tout en diminuant le problème de santé publique auquel nous sommes confrontés ».
Elle a rappelé la gravité de cette pathologie : « la BPCO est une maladie qui tue et qui pourrait être responsable, dans quelques années, si ce n’est déjà le cas, de plusieurs millions de décès dans le monde. Elle est aujourd’hui la troisième cause de mortalité mondiale. Si nous voulons, dans notre pays, gérer voire résoudre ce problème de santé publique, il faut commencer par la médecine générale, étendre la prise en charge de la médecine des soins primaires aux soins tertiaires et, pourquoi pas, intégrer les autres spécialités concernées par les comorbidités ».
D’autres intervenants ont enrichi les débats. Le Dr Nabil Zenache, président de l’APAL, a rappelé que ces journées régionales visent à améliorer la prise en charge des pathologies respiratoires, telles que la BPCO, l’asthme et la coqueluche. Il a également annoncé le lancement d’une étude épidémiologique nationale pour mieux comprendre l’ampleur de la BPCO en Algérie.
Le Dr Noureddine Baba-Ali, pneumologue à Ghardaïa, a mis en avant les particularités locales de la maladie, notamment l’impact de l’utilisation de biomasse, en plus du tabagisme, comme facteur de risque majeur.
Enfin, le Dr Belabassi Omar, pneumologue libéral, a abordé l’implication du reflux gastro-œsophagien dans les pathologies respiratoires et a insisté sur l’importance de la prévention et des traitements adaptés, tels que les IPP.
Hassina Amrouni