Une nouvelle étude remet en cause le seuil de protection contre l’hépatite B : une faible concentration d’anticorps reste efficace

Publié ce 25 juin 2025 dans la revue NPJ Vaccines du groupe Nature, un article scientifique vient bouleverser un dogme immunologique vieux de plusieurs décennies. Selon cette étude conduite par une équipe de chercheurs chinois, le seuil d’anticorps anti-HBs fixé à 10 mUI/ml — considéré jusqu’à présent comme la limite en dessous de laquelle la protection vaccinale contre l’hépatite B serait perdue — ne correspond pas nécessairement à une réelle vulnérabilité immunitaire.

Menée auprès d’un vaste échantillon de personnes vaccinées durant l’enfance et suivies durant plus de dix ans, l’étude révèle que même lorsque les anticorps dirigés contre l’antigène de surface du virus de l’hépatite B deviennent indétectables ou chutent sous le seuil admis, une majorité écrasante des individus conserve une immunité mémoire robuste. Cette dernière permet à l’organisme de déclencher une réponse immunitaire rapide et efficace en cas de nouvel exposé au virus, y compris sans taux d’anticorps circulants détectables. À travers des tests de rappel vaccinal, les chercheurs ont constaté une réponse secondaire significative dans plus de 90 % des cas étudiés, signe indiscutable que la protection est toujours active.

Ces résultats pourraient avoir des répercussions notables sur les politiques de santé publique. Remettre en question le seuil des 10 mUI/ml permettrait non seulement d’éviter des rappels de vaccination parfois inutiles, mais aussi de rationaliser les ressources vaccinales, notamment dans les contextes de pénurie ou auprès de populations prioritaires. Cela incite également à repenser la manière dont l’immunité est mesurée en pratique clinique, en accordant une place plus importante à la mémoire immunitaire qu’aux seuls marqueurs sérologiques.

Pour autant, les auteurs de l’étude appellent à une certaine prudence. Si les conclusions se montrent rassurantes pour les personnes en bonne santé, la vigilance demeure de mise pour les populations immunodéprimées ou exposées de manière répétée au virus. Cette recherche ouvre néanmoins la voie à une approche plus nuancée et plus rigoureuse de la prévention contre l’hépatite B, en réaffirmant que la protection vaccinale ne se résume pas à un chiffre, mais repose sur la complexité et la résilience du système immunitaire humain.

Nouhad Ourebzani

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