4 questions au Professeur Fatma Zohra Zmit, spécialiste en maladies infectieuses

« La vaccination est le meilleur moyen de se protéger des méningites bactériennes »

La méningite, bien que rare, demeure une maladie redoutable, aux conséquences parfois graves si elle n’est pas diagnostiquée et traitée à temps. Entre mythes et réalités, cette affection suscite souvent une grande inquiétude, notamment lorsqu’elle touche les enfants. Pour mieux comprendre cette pathologie, ses symptômes, ses causes, ainsi que les moyens de prévention et de prise en charge, nous avons rencontré le Professeur Fatma Zohra Zmit, spécialiste en maladies infectieuses et cheffe de service à l’EHS El Kettar. Référence dans son domaine, elle partage son expertise et des recommandations essentielles pour limiter la propagation de cette maladie complexe.

Quels sont les principaux symptômes permettant de suspecter une méningite ?

Dans un premier temps, il est essentiel de définir la méningite. Il s’agit d’une inflammation, généralement d’origine infectieuse, des méninges (enveloppes recouvrant l’encéphale et la moelle épinière), entraînant des anomalies du liquide cérébrospinal (LCS). C’est une urgence diagnostique et, souvent, thérapeutique. En Algérie, les méningites surviennent sous forme endémique et sont à déclaration obligatoire.

Elles se manifestent par une association de symptômes, notamment des nausées ou vomissements, des céphalées intenses (maux de tête), une photophobie (intolérance à la lumière), des troubles digestifs (constipation ou, parfois, diarrhée), ainsi qu’une raideur de la nuque (douleur lors de la flexion vers l’avant de la nuque). Tous ces symptômes évoluent dans un contexte fébrile.

Face à ces signes, il est impératif de consulter le plus rapidement possible et d’éviter l’automédication. Une prise en charge rapide et adaptée est essentielle pour éviter les complications, les séquelles graves, voire les décès.

Quelles sont les principales causes de la méningite, et comment ces types se distinguent-ils en termes de gravité et de traitement ?

Dans 70 à 80 % des cas, la méningite est d’origine virale. Ces formes, généralement bénignes, évoluent spontanément sans nécessiter de traitement spécifique, comme les antibiotiques. En revanche, dans 20 à 25 % des cas, elle est d’origine bactérienne, ce qui constitue une urgence vitale. Ces formes bactériennes sont graves, toujours mortelles sans traitement, et nécessitent une prise en charge antibiotique immédiate.

Les méningites bactériennes communautaires représentent un véritable problème de santé publique au niveau mondial. Elles sont caractérisées par un taux de létalité élevé et des séquelles graves, ce qui en fait une urgence diagnostique et thérapeutique majeure.

Quelles populations sont particulièrement à risque et quelles mesures préventives leur sont recommandées ?

Toute personne peut contracter une méningite, mais certaines populations sont plus exposées, notamment aux formes bactériennes. Cela inclut les jeunes nourrissons, les personnes âgées et les individus immunodéprimés, comme les diabétiques, les asthmatiques, les patients sous chimiothérapie ou immunosuppresseurs, ainsi que les personnes vivant avec le VIH.

La meilleure prévention reste la vaccination, qui offre une protection durable. En effet, un quart des décès et des séquelles graves liés aux méningites bactériennes peuvent être évités grâce à une couverture vaccinale efficace.

Quel est l’impact des campagnes de vaccination sur la réduction des cas, et quelles sont les avancées récentes dans ce domaine ?

La vaccination est le moyen le plus efficace pour prévenir les méningites bactériennes les plus courantes. Elle protège contre des pathogènes tels que Haemophilus influenzae de type b, le pneumocoque et le méningocoque. Ces vaccins, disponibles depuis des années, ciblent les souches les plus dangereuses et ont permis une nette diminution des cas de méningites.

Il est crucial d’intégrer ces vaccins dans les programmes de vaccination systématique et de maintenir une couverture vaccinale élevée. Cela constitue une barrière essentielle pour contrôler cette maladie redoutable et limiter son impact sur les populations à risque.

Propos recueillis par Ines Fouzari

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