Une étude internationale menée par des chercheurs du Centre de Recherche sur les Maladies Neurologiques (CIEN) révèle que la présence de corps de Lewy chez les patients atteints d’Alzheimer aggrave significativement leur déclin cognitif. Publiée dans la revue Brain, cette recherche repose sur l’analyse des données de 865 patients souffrant de troubles cognitifs et de pertes de mémoire légères. Elle s’appuie sur un biomarqueur innovant permettant de détecter la présence des corps de Lewy, une pathologie associée à la maladie de Parkinson et à la démence du même nom.
Les corps de Lewy sont des structures protéiques anormales composées d’alpha-synucléine qui s’accumulent dans les neurones. Si leur rôle principal est connu dans d’autres maladies neurodégénératives, jusqu’à 50 % des patients atteints d’Alzheimer en présentent également. Jusqu’à présent, leur influence sur l’évolution de la maladie n’était pas totalement comprise. Grâce à une technologie d’amplification des graines d’alpha-synucléine, l’équipe de recherche a pu évaluer l’interaction entre ces dépôts et la maladie d’Alzheimer. L’étude a démontré que les patients présentant les deux pathologies connaissent un déclin cognitif plus rapide et une déficience plus importante, bien qu’ils conservent un profil mnésique dominant. Ces résultats suggèrent que ces nouveaux biomarqueurs sont essentiels pour identifier cette co-pathologie, qui pourrait être sous-estimée lors des diagnostics traditionnels.
L’étude a également mis en évidence que certains patients, bien que cliniquement identifiés comme atteints d’Alzheimer, ne présentaient en réalité que la pathologie à corps de Lewy. Ces patients suivent une trajectoire clinique différente, avec un risque accru d’hallucinations, symptôme distinctif de la démence à corps de Lewy qui la différencie d’Alzheimer. Cette distinction pourrait permettre une prise en charge plus adaptée, évitant les erreurs de diagnostic et d’orientation thérapeutique.
Les implications de cette recherche sont majeures. Le Dr Jesús Silva-Rodríguez, coordinateur de l’étude, souligne que ces résultats ouvrent la voie à une identification plus précise des pathologies sous-jacentes aux troubles de la mémoire. Une meilleure caractérisation des patients pourrait être déterminante pour l’efficacité des traitements récemment approuvés contre Alzheimer, qui pourraient ne pas convenir aux patients souffrant d’une autre maladie dégénérative. Ces avancées marquent une étape cruciale vers une prise en charge plus personnalisée des maladies neurodégénératives, en affinant les stratégies diagnostiques et thérapeutiques.
Amina Azoune