Un pas de plus vient d’être franchi dans la médecine personnalisée du cancer. Une étude internationale de grande ampleur, dévoilée lors du congrès de l’ASCO 2025 et publiée dans Nature Medicine, confirme qu’un programme d’exercice physique encadré améliore significativement la survie des patients atteints d’un cancer du côlon de stade III ou de stade II à haut risque, après la chimiothérapie. Un résultat qui pourrait faire de l’activité physique un pilier à part entière des traitements post-cancer.
L’essai clinique de phase III, baptisé CHALLENGE, a suivi pendant huit ans 889 patients répartis dans cinq pays. La moitié d’entre eux ont bénéficié d’un programme structuré d’exercice, encadré pendant trois ans par un coach. L’autre moitié a simplement reçu des conseils écrits sur l’importance d’un mode de vie actif. Les résultats sont frappants : à cinq ans, le groupe actif présentait un taux de survie sans récidive de 80 %, contre 74 % dans le groupe témoin. Après huit ans, la survie globale atteignait 90 % contre 83 %, avec une réduction de 37 % du risque de décès toutes causes confondues.
« Ce que nous démontrons pour la première fois, c’est qu’un programme d’exercice structuré n’améliore pas seulement la forme ou la qualité de vie, mais prolonge la vie elle-même », explique le Dr Christopher Booth, principal investigateur de l’étude. Les bénéfices étaient particulièrement marqués chez les patients les plus engagés, ceux qui atteignaient régulièrement les objectifs fixés en termes d’activité physique hebdomadaire.
Parmi les marqueurs positifs, les chercheurs ont relevé une nette amélioration de la capacité cardiovasculaire, une meilleure récupération fonctionnelle, ainsi qu’une augmentation de l’énergie et de l’autonomie. Les effets secondaires liés à l’exercice sont restés mineurs – essentiellement des douleurs musculosquelettiques modérées, sans complications graves.
Ce programme, en apparence simple, représente pourtant un tournant majeur : les bénéfices en matière de survie sont comparables à ceux obtenus par certaines chimiothérapies adjuvantes, mais sans effets toxiques, ni coût exorbitant. Dans un contexte où la médecine cherche à gagner en efficacité sans alourdir les traitements, l’activité physique apparaît désormais comme une thérapie d’avenir, fondée sur le corps lui-même.
Face à ces résultats, de nombreux oncologues plaident pour une intégration de l’exercice physique dans les protocoles standards post-traitement. Plus qu’une simple recommandation de bon sens, il s’agirait d’une prescription encadrée, progressive, adaptée à chaque patient, et suivie sur le long terme.
Pour les patients en rémission d’un cancer du côlon, l’exercice devient donc bien plus qu’un conseil : il est une chance de vivre plus longtemps – et mieux. Bouger, dès aujourd’hui, c’est faire de la prévention active, là où la médecine, seule, ne suffit plus.
Nouhad Ourebzani