Et si plusieurs troubles mentaux avaient une même origine ?

Trouble du déficit de l’attention (TDAH), autisme, schizophrénie, troubles obsessionnels compulsifs, dépression… Et si tous ces troubles, qui semblent très différents à première vue, avaient quelque chose en commun ? C’est ce que suggère une nouvelle étude scientifique passionnante, publiée dans la revue Cell, qui révèle qu’ils pourraient partager une base génétique commune.

Une équipe de chercheurs américains s’est penchée sur les gènes impliqués dans huit troubles psychiatriques parmi les plus fréquents. Résultat : ils ont découvert que certains gènes sont actifs dans plusieurs de ces pathologies en même temps. Ces gènes, appelés « pléiotropes », interviennent à différents stades du développement du cerveau et dans plusieurs types de cellules cérébrales. Autrement dit, ce sont de véritables “chefs d’orchestre” capables d’influencer de nombreuses fonctions cérébrales à la fois.

Pour arriver à ces résultats, les chercheurs ont étudié près de 18 000 variantes génétiques, qu’ils ont introduites dans des cellules qui deviennent nos neurones. Ils ont ensuite observé leur impact sur l’activité des gènes pendant les différentes étapes du développement cérébral. Ils ont ainsi identifié 683 variantes qui jouent un rôle direct dans la régulation des gènes liés à ces troubles.

Cette découverte pourrait expliquer pourquoi certaines personnes souffrent de plusieurs troubles à la fois, comme l’autisme et le TDAH, ou pourquoi certains troubles mentaux ont tendance à apparaître au sein d’une même famille. Elle montre aussi que les frontières entre les diagnostics psychiatriques sont peut-être moins nettes qu’on ne le pensait.

Mais au-delà de la compréhension, ces travaux ouvrent aussi des pistes d’espoir. Car si plusieurs troubles partagent les mêmes causes biologiques, cela signifie qu’on pourrait, à terme, développer des traitements capables d’agir sur plusieurs pathologies à la fois. Une révolution dans la prise en charge de la santé mentale, alors que près d’une personne sur huit dans le monde est concernée par un trouble psychiatrique, selon l’Organisation mondiale de la santé.

Bien sûr, la génétique n’explique pas tout. L’environnement, les expériences de vie, le stress, le mode de vie jouent aussi un rôle essentiel. Mais mieux comprendre la part biologique de ces troubles, c’est déjà franchir un pas décisif vers des soins plus efficaces, plus personnalisés, et peut-être plus tôt dans la vie.

Une chose est sûre : la science nous rappelle que le cerveau est un organe complexe, mais pas mystérieux. Et que les avancées de la génétique peuvent contribuer, demain, à alléger le fardeau psychique de millions de personnes.

Ouiza Lataman

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