Femme enceinte et hôpitaux en temps de Covid en Algérie : Amel et Youcef racontent leur expérience

 

« Si les patients atteints du Covid-19 étaient pris en charge et traités au début de leur contamination lorsqu’ils se présentent dans les hôpitaux, les services de réanimation ne seraient pas saturés ». Cette sentence est vérifiable dans les salles d’attente et dans les couloirs où des malades attendent d’être introduits dans un box médical, nous dit Youcef dont l’épouse a vécu une journée épouvantable comme il le raconte.

« Elle avait du mal à respirer pendant toute la nuit, et à 4 heures du matin je l’ai emmenée dans une clinique privée.

Comme elle est au début de sa grossesse, elle a eu droit à une échographie, la gynécologue lui a prescrit un traitement mais, selon son médecin traitant qui en a été informée par la suite, la gynécologue a omis de lui prescrire Lovenox pour la circulation du sang et l’oxygénation de l’organisme. Puis a commencé un véritable parcours du combattant. Dans le deuxième établissement où je l’ai emmenée, on nous a orientés vers l’hôpital ex-Parnet où il existe une prise en charge des femmes enceintes atteintes de Covid-19, car ce ne sont pas tous les hôpitaux qui le font ».

Son épouse Amel qui a vécu le calvaire de l’attente et de la souffrance renchérit pour témoigner de ce qu’elle qualifie d’anomalie. « Il y avait une seule gynécologue, elle a fait rentrer une malade qui m’avait précédée, avant d’être appelée pour un accouchement par césarienne. Est-ce logique qu’un seul médecin, et le même, prenne en charge les femmes enceintes malades de Covid et aussi les accouchements ? Nous avons attendu, en même temps que la femme dont c’était le tour, de 14 h 30 jusqu’à 16 h 30 en vain. Mon mari et moi, nous sommes partis ».

Dans un autre hôpital vers lequel ils ont été orientés, ce n’était pas le bout du tunnel comme l’indique Amel. « N’est-ce pas malheureux qu’on ait besoin d’être recommandés pour un peu d’oxygène ou d’un quelconque soin alors que l’accès aux soins et la dignité dans la prise en charge sont un droit ? Mais malheureusement, cet hôpital fait partie des établissements qui ne peuvent pas accueillir les femmes enceintes atteintes de Covid. On nous a donc orientés vers Aïn Taya. Nous y sommes entrés à 17 heures, j’ai été auscultée à 21 h. Une des deux résidentes m’a fait un prélèvement sanguin pour un bilan puis j’ai été mise sous sérum glucosé ».

La jeune femme affirme que c’est elle-même qui a enlevé l’aiguille lorsque la poche de sérum s’était vidée. « Je devais passer la nuit dans cet hôpital et les résultats étaient censés être lus par un médecin au moment où mon mari les a récupérés d’un laboratoire privé à une heure du matin. Mais nous n’avons trouvé ni les médecins, ni les résidentes.

En plus j’avais assez attendu dans la salle de prélèvement. Comme je suis dans le domaine médical, j’ai lu mes résultats et nous avons quitté l’hôpital » a-t-elle souligné.

« Le conseil donné par les médecins, c’est de se faire ausculter dès qu’on a un symptôme afin d’avoir un diagnostic précoce et d’être traité en temps opportun. Mais si les malades sont abandonnés dans les salles d’attente, ce ne sera pas possible et ce sera la saturation des services et l’épuisement des équipes médicales qui sont sur le front » conclut Amel et Youcef.

Propos recueillis par Nadia Rechoud

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