Les antibiotiques augmentent le risque de maladies inflammatoires de l’intestin : une découverte scientifique majeure

Une étude révolutionnaire, publiée aujourd’hui dans la prestigieuse revue Science Advances, éclaire d’un jour nouveau le lien entre l’utilisation des antibiotiques et les maladies inflammatoires chroniques de l’intestin (MICI). Cette étude révèle comment les antibiotiques affaiblissent la barrière protectrice de mucus dans l’intestin, augmentant ainsi le risque de développer des maladies telles que la maladie de Crohn et la colite ulcéreuse.

Touchant environ 1 % de la population mondiale, les MICI se manifestent par une inflammation chronique du système digestif, provoquée notamment par la dégradation de la couche muqueuse, une barrière essentielle entre le microbiome intestinal et le système immunitaire. Jusqu’à présent, les causes précises de ces maladies restaient incertaines, bien que des études antérieures aient suggéré un lien entre la prise d’antibiotiques et un risque accru de développer ces affections.

L’équipe du Dr Bel a fait un pas décisif dans la compréhension de ce phénomène. « Nous avons découvert que l’utilisation d’antibiotiques altère directement la couche de mucus qui protège l’intestin, exposant ainsi le microbiome au système immunitaire et augmentant les risques d’inflammation », explique le chercheur principal. Qu’ils soient administrés par voie orale ou par injection, les antibiotiques perturbent cette barrière, facilitant la pénétration des bactéries dans les parois intestinales et déclenchant des processus inflammatoires sévères.

L’étude s’appuie sur des technologies de pointe telles que le séquençage de l’ARN et l’apprentissage automatique, réalisée sur des modèles de souris. Les résultats sont éloquents : les antibiotiques compromettent la production de mucus protecteur, provoquant une infiltration bactérienne, une réplication des antigènes bactériens et le développement d’ulcères, caractéristiques typiques des MICI.

Un résultat surprenant de cette étude est que l’impact des antibiotiques sur la barrière muqueuse n’est pas directement lié aux modifications du microbiome, mais à une perturbation des cellules de la paroi intestinale responsables de la production de mucus. « Cette découverte remet en question l’idée reçue selon laquelle les antibiotiques n’agissent que sur les bactéries pathogènes, sans affecter nos propres cellules », précise le Dr Bel.

Cette avancée ouvre la voie à de nouvelles recherches sur les traitements capables de limiter les effets des antibiotiques sur la barrière muqueuse. Elle pourrait également inciter à une utilisation plus raisonnée des antibiotiques, tout en sensibilisant aux risques associés à leur usage excessif.

L’équipe de chercheurs projette désormais d’explorer des stratégies thérapeutiques visant à protéger la sécrétion de mucus, avec l’espoir d’atténuer l’incidence des MICI chez les patients à risque. Ces résultats pourraient bien redéfinir les pratiques médicales et ouvrir de nouvelles perspectives dans le traitement de ces affections invalidantes.

Nouhad Ourebzani

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