L’OMS maintient l’alerte maximale face au mpox : une urgence sanitaire qui persiste

L’Organisation mondiale de la santé (OMS) a annoncé ce lundi le maintien du statut d’urgence de santé publique de portée internationale (USPPI) concernant l’épidémie de mpox (anciennement variole du singe), soulignant la persistance d’une flambée épidémique préoccupante, centrée principalement en Afrique centrale.

Cette décision, prise sur recommandation du Comité d’urgence de l’OMS, fait suite à une évaluation globale de la situation épidémiologique, marquée par une augmentation continue des cas, un taux de létalité élevé, et une diffusion régionale du virus au-delà des frontières de la République démocratique du Congo (RDC).

Depuis le début de l’année 2024, plus de 29 000 cas suspects ont été recensés en RDC, avec plus de 800 décès, soit un taux de mortalité avoisinant 3 % – bien supérieur à celui observé lors des épidémies de clades précédents. Le clade 1b, identifié comme responsable de cette nouvelle flambée, s’avère plus virulent que le clade 2b qui avait été à l’origine de la vague mondiale en 2022-2023, principalement concentrée hors d’Afrique et associée à des formes plus bénignes.

La propagation vers des pays voisins, dont le Burundi, le Soudan du Sud et l’Ouganda, inquiète les autorités sanitaires. L’OMS alerte sur les risques de transmission transfrontalière, notamment dans les zones de déplacement de populations ou affectées par des conflits armés.

Outre la virulence du virus, la riposte se heurte à d’importants obstacles logistiques et sécuritaires. Le système de santé congolais, fragilisé par des années d’instabilité, peine à faire face à l’ampleur de la crise. Dans certaines zones rurales, l’accès aux soins est quasi inexistant, et les capacités de surveillance épidémiologique restent limitées.

Pour répondre à cette situation, l’OMS a actualisé ses recommandations temporaires, appelant à une intensification de la vaccination, au renforcement du dépistage, et à la protection des agents de santé. Elle exhorte également les États membres à maintenir leur vigilance et leur engagement, malgré la baisse d’attention médiatique et politique à l’échelle mondiale.

Depuis la déclaration de l’urgence en août 2024, plusieurs acteurs internationaux se sont mobilisés. L’Union européenne, l’Allemagne et d’autres partenaires ont livré des doses de vaccin, notamment à travers le dispositif COVAX. Toutefois, les besoins restent immenses : l’OMS estime à 135 millions de dollars le financement nécessaire pour sa stratégie de riposte jusqu’en février 2025.

Des campagnes de vaccination ont été lancées dans certaines régions affectées, mais la distribution reste inégale. L’accès équitable aux vaccins et aux traitements demeure l’un des enjeux centraux de cette crise sanitaire, avec un risque réel de laisser les populations africaines en marge de la réponse mondiale.

Alors que le monde semble avoir tourné la page des grandes crises pandémiques, le mpox rappelle que les urgences sanitaires ne disparaissent pas avec l’actualité. « Tant que le virus circule à ce niveau de gravité, l’urgence reste justifiée », a insisté le directeur général de l’OMS.

Le maintien du statut d’urgence vise à mobiliser les ressources, renforcer la coordination internationale et soutenir les pays en première ligne. Il rappelle aussi que les maladies infectieuses ne connaissent pas de frontières, et que l’indifférence face à certaines épidémies peut favoriser leur résurgence à l’échelle mondiale.

Le mpox n’est pas une crise du passé. C’est une menace actuelle, évolutive et encore mal maîtrisée. Si la flambée reste pour l’instant concentrée en Afrique centrale, les dynamiques de transmission et les mutations possibles du virus imposent une vigilance accrue, un investissement continu et surtout une solidarité internationale renforcée.

Dans un contexte où l’attention mondiale semble se disperser, l’appel de l’OMS sonne comme un avertissement : sans action collective soutenue, cette urgence sanitaire pourrait bien devenir la prochaine crise négligée aux conséquences globales.

Par Nouhad Ourebzani

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