En réponse à une propagation rapide et inquiétante du virus de la variole du singe en Afrique centrale, les Centres Africains de Contrôle et de Prévention des Maladies (Africa CDC) ont proclamé une urgence sanitaire le 13 août. Cette déclaration marque une première pour l’Africa CDC, soulignant la gravité de la situation. L’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) doit se réunir le 14 août pour évaluer la possibilité de déclarer une urgence mondiale.
Cette décision reflète la profonde inquiétude des experts face à la potentielle évolution de cette épidémie en une crise sanitaire d’envergure, menaçant non seulement l’Afrique mais aussi le reste du monde. Selon les spécialistes, le virus de la variole du singe, autrefois confiné aux zones rurales, a commencé à se propager dans des régions plus densément peuplées, augmentant ainsi le risque d’une expansion incontrôlée.
Au cours des derniers mois, les cas de variole du singe ont considérablement augmenté en Afrique centrale, avec des foyers d’infection détectés dans des villes comme Bukavu, en République Démocratique du Congo (RDC), une métropole de plus d’un million d’habitants. Quatre pays de la région ont signalé pour la première fois des cas de variole du singe, probablement liés à une épidémie ayant débuté fin 2023 dans la province du Sud-Kivu, une zone durement affectée par les conflits.
Les données des précédentes épidémies indiquent que la souche actuellement en circulation en Afrique centrale est plus létale que celle qui a provoqué l’épidémie mondiale de 2022, touchant plus de 95 000 personnes et causant 180 décès.
En 2024, les cas confirmés et suspectés de variole du singe en Afrique ont déjà surpassé ceux de l’année précédente, atteignant 17 500 cas contre environ 15 000 en 2023. Les enfants sont particulièrement touchés, représentant environ deux tiers des infections en RDC. Si certaines de ces infections sont attribuées à la souche clade II, responsable de l’épidémie de 2022, une proportion croissante des cas récents est due au clade I, une souche historiquement associée à de petites épidémies en Afrique centrale.
En avril, des chercheurs ont découvert une variante du clade I, appelée clade Ib, qui semble se transmettre plus efficacement entre humains, notamment par contact sexuel. Cette variante s’est rapidement propagée dans des zones densément peuplées, transportée par des populations mobiles comme les travailleurs du sexe. Le Sud-Kivu, déjà en proie à une crise humanitaire, peine à suivre et traiter les cas, alors que la RDC doit également lutter contre d’autres maladies comme le choléra.
Le Burundi, le Kenya, le Rwanda et l’Ouganda ont récemment signalé leurs premiers cas de variole du singe, et la RDC a rapporté près de 2 400 infections suspectées et 56 décès en une semaine début août. Face à cette situation, Jean Kaseya, directeur général de l’Africa CDC, a usé des pouvoirs conférés par l’Union Africaine en 2023 pour déclarer une urgence sanitaire publique.
En réponse à cette crise, l’OMS envisage de déclarer une urgence mondiale, un signal fort pour encourager la coordination internationale afin de contrôler l’épidémie. La variole du singe cause des lésions cutanées douloureuses et, dans les cas graves, peut être mortelle. Reste à déterminer si les symptômes de la souche clade Ib diffèrent de ceux de la souche clade II, ainsi que son degré de dangerosité.
Jusqu’à présent, l’Algérie n’a pas signalé de cas de variole du singe en lien avec l’épidémie actuelle qui sévit en Afrique centrale. Néanmoins, les autorités sanitaires devraient suivre de près l’évolution de la situation, particulièrement en raison des déplacements transfrontaliers et des échanges commerciaux avec d’autres pays africains qui pourraient potentiellement introduire le virus.
Bien que l’Algérie ne partage pas de frontières directes avec les pays touchés d’Afrique centrale, la vigilance face aux risques de propagation via des voyageurs ou des échanges avec des régions affectées doit être de mise.
Tinhinane B