En marge de la 1ère Journée de formation médicale continue sur la responsabilité médicale et les aspects juridiques et médico-légaux, organisée par la Société algérienne de droit médical et d’éthique (SADME) à l’EHS TOT de Blida, Esseha s’est entretenu avec le Pr Keltoum Messahli, chef de service de médecine légale au CHU Frantz-Fanon de Blida et Présidente de la SADME. La spécialiste a évoqué le programme de cette formation et l’importance de la thématique abordée.
Le Pr Messahli a expliqué que l’organisation de cette journée sur le thème de « La responsabilité médicale et de la loi », concerne les médecins face à leurs implications et responsabilités légales. Ce choix thématique répond, selon elle, « à des préoccupations pratiques : nous recevons de nombreuses sollicitations sur les questions de droit médical et les dispositions de la loi algérienne en matière de responsabilité médicale. Cela concerne divers domaines, y compris l’exercice en situation d’urgence, la rédaction de documents comme le constat de décès, et la conduite à tenir face à un refus de soins ».
La présidente de la SADME a rappelé qu’« en Algérie, il existe des textes de loi fondamentaux que tout médecin doit connaître. Notre objectif est de vulgariser ces aspects du droit médical aux praticiens, en leur fournissant les fondements nécessaires à leur application dans la pratique médicale. La loi relative à la santé de 2018 prévoit des dispositions réglementaires en lien avec de nombreuses situations d’exercice médical, et des textes d’application sont en préparation pour guider les médecins dans leur mise en œuvre ».
Abordant la question de l’éthique médicale, la spécialiste a expliqué que « le code de déontologie médicale est issu des grands principes éthiques de l’exercice médical. L’éthique médicale est essentielle, surtout aujourd’hui avec la notion de soins sécurisés » et d’ajouter qu’en terme d’éthique clinique, « un référentiel est en cours d’élaboration pour clarifier les dispositions pratiques aux médecins, notamment face à des situations éthiques délicates comme le refus de soins, la fin de vie, l’échec thérapeutique, et le respect du secret professionnel ».
Le Pr Rachid Belhadj, chef de service de médecine légale au CHU Mustapha, a souligné pour sa part, que cette journée est dédiée aux médecins généralistes et spécialistes confrontés aux enjeux médico-légaux de leur profession. « Nous avons discuté de sujets tels que la garde à vue, la gestion du dossier médical, et la signalisation des maltraitances (…). Nous avons constaté qu’une seule journée ne suffit pas vu l’intensité de la problématique, et qu’il est urgent d’aller vers la numérisation des documents médicaux pour préserver la dignité et le secret médical », a-t-il fait savoir avant d’ajouter qu’un autre sujet important a également été abordé, à savoir « l’humanisme dans la prise en charge des patients et les raisons de l’échec de certains programmes de santé ». Selon lui « sans humanisme, sans organisation et sans modernisation, nous continuerons à faire face à des problèmes quotidiens. Il est crucial de vulgariser la formation en droit médical pour préserver notre système de santé et réussir nos programmes ».
De son côté, le Pr Yacine Zerairia, chef de service de médecine légale au CHU d’Annaba, lors de sa conférence sur « Les règles de rédaction et les implications médico-légales du certificat médical de décès », a souligné l’importance capitale de ce document tant sur le plan social, que médico-légal et épidémiologique. Il a expliqué qu’au cours de son intervention, il a insisté sur les obligations du médecin certificateur concernant la constatation de décès et la collecte des informations médicales.
Il a par ailleurs relevé l’importance de définir correctement les causes du décès, en évitant des termes inappropriés sur le certificat. « La clarté des informations recueillies est cruciale pour éviter des autopsies abusives et pour une meilleure compréhension des causes de décès », ce qui est essentiel pour définir les priorités en matière de santé publique, a-t-il relevé.
Hassina Amrouni