Des chercheurs de l’École de médecine de l’Université de Washington lancent un essai clinique d’une ampleur inédite, visant à tester un traitement expérimental chez de jeunes adultes présentant un risque génétique élevé de développer la maladie d’Alzheimer. Cette étude pourrait bouleverser la compréhension et la prise en charge de cette pathologie neurodégénérative.
La maladie d’Alzheimer débute bien avant l’apparition des premiers symptômes, avec l’accumulation progressive de plaques amyloïdes dans le cerveau, parfois plusieurs décennies en amont. Partant de ce constat, les scientifiques cherchent à déterminer si une intervention précoce permettrait de ralentir, voire d’empêcher, le développement de la maladie. L’essai, baptisé Primary Prevention Trial, réunit 240 participants issus de familles porteuses de mutations génétiques entraînant quasi systématiquement une forme précoce d’Alzheimer.
Les volontaires, âgés de 18 ans et plus, seront divisés en deux groupes : l’un recevant le traitement expérimental, l’autre un placebo. La phase initiale de l’étude durera deux ans, suivie d’une période facultative de quatre ans où tous les participants pourront accéder au médicament. L’objectif principal est d’évaluer si ce traitement peut empêcher ou retarder l’accumulation des plaques amyloïdes dans le cerveau, bien avant l’apparition des symptômes cognitifs.
Si les résultats définitifs ne seront connus que d’ici une décennie, les premières observations devraient être disponibles d’ici cinq ans. Au-delà de l’impact direct sur la prévention de la maladie d’Alzheimer, cet essai pourrait permettre de mieux comprendre les mécanismes sous-jacents de cette pathologie et d’orienter le développement de nouvelles stratégies thérapeutiques. L’enjeu est de taille : il ne s’agit plus seulement de ralentir la progression de la maladie, mais d’empêcher son apparition.
Amina Azoune