Un nouveau vaccin autodestructeur, administré par voie intraveineuse, pourrait représenter une avancée majeure dans la lutte contre la tuberculose (TB), l’une des maladies les plus meurtrières au monde selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS). Cette innovation, mise au point par des chercheurs de l’Université de Pittsburgh, a été publiée dans la revue Nature Microbiology. Testé sur des singes macaques, le vaccin combine une efficacité accrue avec un mécanisme intégré de sécurité, réduisant les risques d’auto-infection.
Une réponse immunitaire renforcée et une sécurité inégalée
Le vaccin repose sur une souche vivante atténuée de Mycobacterium tuberculosis, conçue pour s’autodétruire après administration. Cette approche vise à éliminer les risques d’infections accidentelles, notamment chez les personnes immunodéprimées. « Bien que l’idée d’un vaccin vivant administré par voie intraveineuse puisse sembler risquée, nos études montrent qu’elle est très efficace et sûre », explique le Dr JoAnne Flynn, professeure de microbiologie et génétique moléculaire à l’Université de Pittsburgh.
Les résultats des essais sur des singes sont prometteurs : la majorité des animaux vaccinés ont montré une immunité stérilisante, c’est-à-dire l’absence totale de traces de bactéries actives dans leurs poumons après exposition à la tuberculose. Mieux encore, huit semaines après l’infection, aucun signe d’inflammation pulmonaire n’a été détecté chez les singes ayant reçu le vaccin autodestructeur.
Une innovation face aux limites du vaccin actuel
Le vaccin Bacille Calmette-Guérin (BCG), utilisé depuis des décennies, reste la seule méthode de vaccination contre la tuberculose. Toutefois, il présente des limites importantes : il offre une protection partielle chez les enfants et est inefficace chez les adultes. Injecté par voie intradermique, le BCG classique n’est pas suffisamment performant pour réduire significativement la propagation mondiale de la tuberculose, qui reste un problème de santé publique majeur.
Des études précédentes menées par Flynn et ses collègues avaient déjà démontré qu’une administration intraveineuse du BCG permettait de réduire la charge bactérienne dans les poumons des singes de manière spectaculaire : jusqu’à 100 000 fois par rapport à l’injection standard.
Un « interrupteur de sécurité » intégré
Pour pallier les préoccupations liées à la sécurité, les chercheurs ont introduit deux mécanismes d’autodestruction dans le vaccin :
1. Une sensibilité à la doxycycline : le vaccin est programmé pour s’autodétruire lorsqu’il est exposé à cet antibiotique.
2. Une désintégration progressive : les particules du vaccin disparaissent automatiquement après l’arrêt du traitement à la doxycycline.
Ces mécanismes ont été testés sur des souris et des singes. Chez les souris, le vaccin a démontré une efficacité similaire au BCG classique, avec une sécurité accrue, même chez les sujets immunodéprimés. Sur les macaques, le vaccin a offert une protection encore meilleure que la version intraveineuse standard du BCG.
Vers des essais cliniques chez l’homme
Malgré des défis importants pour adapter ce vaccin aux humains, les chercheurs se disent optimistes quant à son potentiel. « Cette innovation pourrait révolutionner la prévention de la tuberculose, notamment pour les populations immunodéprimées, en offrant une option plus sûre et efficace », déclare le Dr Flynn.
L’équipe espère que cette avancée ouvrira la voie à des essais cliniques, avec pour objectif de transformer la lutte contre la tuberculose, responsable de millions de décès chaque année.
Un espoir pour l’avenir
Avec cette découverte, la science semble s’approcher d’une solution plus universelle pour lutter contre la tuberculose. Si les résultats observés chez les animaux se confirment chez les humains, ce vaccin pourrait non seulement renforcer la protection contre la maladie, mais aussi réduire les risques liés à l’administration de vaccins vivants.
La tuberculose, qui a tué plus de 1,6 million de personnes en 2024 selon l’OMS, pourrait bientôt être maîtrisée grâce à cette avancée scientifique majeure.
Nouhad Ourebzani